Et si vivre ensemble boostait la confiance en soi ?

Témoignages

Quels rapports entre le vivre ensemble et la confiance en soi ? Les deux sujets semblent bien éloignés. Après tout, avoir confiance en soi est une démarche individuelle vous expliquent les guides de développement personnel.

Et pourtant, une enquête internationale menée par Eranos, cabinet spécialisé dans la transformation sociétale, démontre l’inverse. Women’s Confidence est la plus grande étude pour comprendre, mesurer et améliorer la confiance en soi des femmes. A partir de recherches philosophiques, anthropologiques, sociologiques, elle a identifié 14 sources de confiance en soi. Pendant 3 ans, les chercheurs sont allés à la rencontre de plus de 11 000 femmes dans 11 pays différents. Une conclusion s’impose, partout dans le monde : la confiance en soi se construit collectivement ! Explications.

 

Savoir se fier… à soi-même

Estime de soi, confiance en soi, les expressions, peuvent varier. Mais de quoi parle-t-on ?

Le terme estime vient du latin aestimare qui signifie évaluer, donner de la valeur. L’estime de soi consisterait donc à se reconnaître de la valeur. C’est toujours le latin qui est à l’origine du mot confiance. Confidere signifie confier, remettre quelque chose de précieux à quelqu’un, donc se fier. Il s’agit donc de notre capacité à nous fier à nous-même, à nos décisions. Mais quels sont les processus qui nous permettent de nous faire confiance ? Nous-même ? Avoir confiance en soi serait une démarche individuelle. Un travail sur nous-même, de bonnes habitudes à adopter …et pouf ! Le tour est joué, la confiance en soi est là.  

Ce n’est pas si évident. Dès le départ, la confiance s’acquiert à travers le regard des autres. C’est à travers le regard de ses parents que le petit enfant prend confiance en lui.

Et ce principe perdure au cours de notre vie comme le montre Women’s confidence. «Lorsque nous pouvons nous attendre à agir en accord avec ce que le monde attend de nous, en dépit des incertitudes, alors nous croyons en nous-même et avons confiance en nous. Au contraire, le manque de confiance en soi réside dans le décalage … entre ce que nous percevons de nous-même et l’identité que nous avons développé pour les autres. »

 

Les sources de la confiance en soi

D’où vient la confiance en soi ? Women’s Confidence identifie 14 sources, parmi lesquelles les sources de confiance normative. Elles permettent à une personne d’être confiante. En effet, elle agit en fonction de ce qui est attendu d’elle par la société. La reconnaissance fonctionne également. Vous avez confiance quand les autres – votre supérieur, votre famille reconnaissent la justesse de vos actions. Vous avez confiance également lorsque vous savez vous adapter aux circonstances.

Le rapport identifie cinq formes de confiance intérieure :

–       l’intuition qui vous permet de faire confiance à votre instinct ;

–       la vocation qui vous confirme que vous êtes à la place que vous devez occuper dans le monde, 

–       l’amélioration qui relève de votre capacité à gérer la tension entre la honte ou la gêne et l’action. Vous avez peur d’agir mais vous agissez car vous savez que cela va vous permettre d’avancer.

–       l’intellect : vous êtes légitime car vous avez les compétences et les connaissances requises pour agir ou vous exprimer.

Le rapport identifie également des sources de confiance mythique. Par exemple, l’utopie permet de se projeter dans l’avenir avec optimisme. La confiance spirituelle vous donne la certitude d’être protégée ou guidée lorsque vous prenez des décisions majeures. La transgression, elle, vous permet de détourner les normes établies et d’affirmer ma liberté, de même que la féminité. Vous pouvez prendre confiance en vous en défiant les attentes des autres vis-à-vis de votre féminité.

Enfin, la confiance établie concerne les habitudes ou routine. Vous avez confiance en vous car vous savez quelles seront les conséquences de vos actions. Vous savez vous adapter en fonction de votre environnement.

 

Les femmes et la confiance en soi

Pourquoi consacrer cette étude aux femmes ? D’une manière générale, les femmes ont moins confiance en elles. Et cela se vérifie partout dans le monde en dépit des différences sociales et culturelles.

43% des Allemandes estiment qu’elles ne peuvent se fier à leur instinct pour percevoir les intentions des autres. 67% des Britanniques considèrent qu’elles ne pourraient pas retrouver un meilleur travail si elles venaient à perdre le leur, ce qui témoigne de leur peu de confiance dans l’avenir. 56% des Américaines considèrent que la pratique d’une religion est importante dans leur vie. Mais elles sont 66% à penser que rien ne les protègent lorsqu’elles doivent prendre une décision importante.

En règle générale, les femmes se sentent seules face à leur vie. Pour des raisons culturelles ? Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe, évoquait le poids de leur rôle social et biologique. La femme est avant tout épouse et mère, avant de pouvoir revendiquer une place dans la société. Depuis 1949, les choses ont évolué. Mais il n’en reste pas moins que plus les responsabilités sont importantes, moins les femmes sont présentes.

Depuis une dizaine d’années, le cabinet McKinsey publie Women Matter. Ce rapport étudie le lien entre mixité et performance des entreprises. Si les choses évoluent positivement, les carrières des femmes restent freinées non seulement par le plafond de verre, mais aussi d’une moindre confiance dans leurs compétences. « Les femmes attendent d’avoir 120% des compétences pour candidater à un emploi quand les hommes se contentent de 60% » estimait un dirigeant d’entreprise à ce sujet.

 

De multiples freins

Est-ce seulement une question de confiance ?

Le poids de la charge mentale, l’impression de ne pas être à la hauteur au travail sans pour autant répondre aux attentes de leur famille sont autant de facteurs qui n’améliorent pas leur estime d’elles-mêmes et les freinent dans la recherche d’un poste plus intéressant. Dans certains pays, comme l’Allemagne ou le Japon, il leur faut même choisir entre faire carrière et avoir des enfants, puisque les modes de garde sont onéreux et peu conciliables avec une vie professionnelle.

Rien d’étonnant alors que la confiance en elles-mêmes des femmes soit plus basse que celle des hommes, selon Lara Week, coordinatrice du projet Women’s Confidence en Australie. « Notre monde est plein de messages qui nous disent que si les femmes croyaient davantage en elles-mêmes, rien ne nous serait impossible. Mais est-il raisonnable de croire que vous pouvez accomplir n’importe quoi quand vous êtes confrontées à une accumulation d’inégalités systémiques : discriminations dans l’éducation, au travail, racisme, xénophobie, homophobie, discrimination envers le handicap, violence domestique et sexuelle ? »

 

Des normes masculines

Si la confiance en soi prend différentes sources, elle reste pourtant moins développée chez les femmes, ce qui se ressent particulièrement dans le monde du travail. Or lorsque les femmes sont reconnues, occupent des postes à responsabilité et siègent au conseil d’administration, les entreprises obtiennent de meilleurs résultats.

Mais alors où sont les blocages ? C’est simple répond Emma Monsaingeon, qui a coordonné l’étude Women’s Confidence : « Les attentes correspondent à des standards masculins. Que ce soit les émotions, les blagues jusqu’à la tenue dans le contexte professionnel, il s’agit de standards masculins auxquels les femmes doivent se conformer pour grimper dans l’échelle professionnelle. … Pour s’affirmer dans la société, les femmes utilisent des codes masculins.»

 

Le regard de l’autre

Car c’est à travers le regard de l’autre que tout se joue. C’est ce que démontre clairement l’étude d’Eranos. « La confiance en soi, explique Emma Monsaingeon, est quelque chose de normatif et non d’individuel. La source de confiance en soi la plus partagée, à travers notre enquête, c’est la reconnaissance, la validation et l’approbation des autres. Il peut s’agit de pairs dans une communauté, de collègues, de conformité aux normes sociales… »

Et c’est en voyant reconnaître sa propre valeur que l’on peut agir. « La confiance se donne, se prend… » explique Emma Monsaingeon.

Par exemple au Mexique où le taux de féminicides est le plus élevé au monde. C’est également le pays où les femmes font le plus preuve de confiance. 62% des Mexicaines interrogées se considèrent comme résilientes. Elles ne se découragent pas face à l’injustice. Selon le rapport, c’est l’entraide qui leur donne cette confiance en elles. Nombre de Mexicaines font partie de réseaux féminins et de groupes d’entraide. Elles peuvent ainsi trouver les forces pour se battre, en ayant le sentiment d’être soutenues. L’exemple du Mexique, rappelle Emma, montre que quand la communauté féminine est importante, la confiance en elle est forte et rejaillit sur ses différents membres.

 

Vivre ensemble pour (re)trouver confiance en soi

Prendre confiance en soi n’a donc rien d’une démarche individuelle, mais collective. Les Françaises peuvent en témoigner. Elles considèrent que la confiance en soi passe d’abord par la reconnaissance des pairs, de la famille, des amis.

Or dans les pays où l’individualisme occupe encore une place majeure, comment retrouver cette estime de soi si l’on se sent isolé des autres ?

Des réponses sont à chercher du côté du vivre ensemble. Colocation, habitat partagé, coliving… Toutes les formes de vivre ensemble peuvent vous permettre de booster votre confiance en vous. Pourquoi ? Contrairement au foyer familial, le regard de vos co-locataires n’est -la plupart du temps – pas lié à l’affect. Leurs réactions face à votre manière d’être, vos réussites ou vos projets sont donc plus spontanées, plus vraies, plus semblables à celles de la société. Si eux vous font confiance, automatiquement, vous vous faites confiance. « La confiance en soi implique le collectif explique Emma Monsaingeon. Nous avons confiance en nous car quelqu’un a confiance en nous. La confiance circule.»

Comme le rappelle la consultante et spécialiste du coliving Virginia Perez Nieto, la communauté est un outil très puissant pour permettre aux individus de se sentir acceptés et valorisés. « Être connecté à une communauté peut avoir une influence positive sur votre vie personnelle et professionnelle. » Que la communauté soit grande ou petite, l’impact est le même : positif sur votre moral, votre vie quotidienne. Et vous savez maintenant que le vivre ensemble peut booster votre confiance en vous !

 

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Crédit photo : Banque d’images