La crise du logement n’est pas une fatalité !
La crise du logement est-elle une fatalité ? Le confinement, puis la crise économique qui se profile, jettent une lumière encore plus dramatique sur ce phénomène. Pourtant, elle n’a rien d’irrémédiable !
La crise du logement frappe… les plus modestes
Une étude de l’IRES datant du mois d’avril indiquait qu’un tiers des ménages avait vu ses revenus baisser lors du confinement. De nombreux secteurs se sont, en effet, retrouvés à l’arrêt forcé. D’autres activités ont fortement ralenti, aussi bien dans l’économie formelle qu’informelle.
Un ralentissement qui n’est pas sans répercussion sur le logement. 2,5 à 2,8 millions de ménages – soit 6 à 7 millions de personnes- étaient en difficulté pour payer leur loyer. La part du logement, en effet, ne cesse de croître dans le budget des ménages les plus modestes. Toutes catégories sociales confondues, le loyer et les charges représentent 57% des dépenses pré-engagées. Un chiffre qui cache de grandes disparités. Les ménages les plus modestes y consacrent près des deux tiers des dépenses pré-engagées, contre 50% chez les ménages aisés.
Pour ne pas être en défaut de paiement, certains ménages privilégient le loyer. L’alimentation ou la santé passent après, ce qui est un problème pour les ménages avec enfants.
Ce dont témoignait Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement, au micro de France Culture en avril dernier. « Au sein de Paris Habitat, qui gère près de 123 000 logements dans la capitale et en petite couronne, plus de 6 500 impayés nous sont remontés rien que sur les deux premières semaines du confinement. L’Île-de-France et les grandes métropoles vont être particulièrement touchées par la crise du logement car on y trouve de nombreux locataires qui payent des loyers très élevés, ainsi que des primo-accédants qui ont des charges élevées ».
Des logements vétustes
Au-delà du loyer, se pose la question de la vétusté et de l’insalubrité des logements.
C’est notamment le cas des métropoles. Là, des ménages, souvent jeunes et modestes paient des loyers élevés pour des habitations de moins en moins accueillantes. En France, contrairement aux autres pays européens, note l’Observatoire des Inégalités, cette hausse du coût du logement ne s’est pas accompagnée d’une amélioration de la qualité de l’habitat. Selon la Fondation Abbé Pierre, 939 000 ménages soit un peu plus de 2 millions de personnes souffrent du mal logement. Cela se traduit par l’absence de toilettes, de douche ou d’eau courante ou des chambres de 7 m2 , des logements insalubres…
Le législateur en est bien conscient. Depuis des années, les propriétaires sont incités à lutter contre les passoires thermiques. Ils sont aussi encouragés à rénover les logements à louer.
Des aides publiques … victimes de coupes budgétaires
Côté locataires, il existe aussi des outils en France pour lutter contre la crise du logement. Mais souligne Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, elles sont mal employées. Ce sont les victimes désignées des coupes budgétaires annuelles. Ainsi en est-il des APL. C’est « un outil qui est bien ciblé et intelligent pour ceux qui veulent louer un appartement. » Mais ces aides sont « rabotées d’année en année, alors que les loyers augmentent. Depuis 2017, on compte 3,9 milliards d’euros de coupes dans les APL » souligne-t-il.
Le nombre de logements sociaux est bien insuffisant pour répondre aux demandes. De plus, les aides à la pierre pour leur financement ont disparu depuis 2019.
Ce ne sont pourtant pas les logements qui manquent. La transformation de bureaux vides, la colocation solidaire dans des bâtiments vides pourraient apporter des solutions aux victimes de la crise du logement.
Les mentalités sont-elles prêtes à changer pour envisager ces solutions ? Il semble qu’une évolution soit en cours depuis plusieurs années.
Une évolution dans les désirs des Français
L’une des caractéristiques de l’immobilier en France est le désir de devenir propriétaire. Près de 77 % des Français, et la moitié des locataires désirent acquérir leur logement dans un avenir proche. Un rêve qui se heurte au principe de réalité. Les prix de l’immobilier n’ont cessé d’augmenter depuis quinze ans. La possibilité de devenir propriétaire s’éloigne de plus en plus pour les catégories populaires et les classes moyennes.
Ceux qui y parviennent encore, en dehors des classes très aisées doivent faire des compromis en termes de surface ou d’éloignement des centres-villes. Ce qui signifie à terme l’augmentation des temps et des coûts de transport pour aller travailler. L’allongement des durées d’emprunt doit aussi être pris en compte. Et dans ce cas, divorce, maladie, chômage sont autant de risques qui peuvent conduire au surendettement.
Une réalité dont les Français sont bien conscients. Huit sur dix préfèrent que « tout le monde puisse disposer d’un logement confortable pour un coût raisonnable » plutôt que « tout le monde puisse devenir propriétaire de son logement ».
La crise du logement se combat … en rétablissant la confiance entre propriétaires et locataires
Face à la crise du logement, le gouvernement propose de mettre sur le marché les logements vacants. Il estime leur nombre à 200 000. Or la réalité est plus complexe. Selon l’INSEE qui publie ces chiffres, un logement est vacant lorsqu’il n’est pas occupé au 1er janvier. Ce qui recouvre de nombreuses situations : logement en cours de cession, inoccupé car remis sur le marché ou occupé de façon temporaire… Le nombre précis de logements vacants reste donc une inconnue.
De plus la réquisition est-elle la solution ? Les propriétaires voudront-ils louer à n’importe qui leur bien maintenu inoccupé ?
Rien n’est moins sûr. Il est en effet fréquent que ces derniers ne présentent pas de garanties suffisantes selon les agences immobilières (CDI, salaire trois fois supérieur au loyer…). Les propriétaires craignent les impayés, les agences immobilières adoptent des critères toujours plus sévères.
Or il est urgent de rétablir une relation de confiance entre propriétaires et locataires. C’est ce vers quoi tend la proposition de loi présentée par Mickaël Nogal.
C’est également dans ce sens que va la garantie de COOLOC. Son objectif est de faciliter les rapports entre propriétaires et locataires. En laissant à COOLOC le soin de gérer la transaction financière, propriétaires et locataires peuvent se concentrer sur la dimension humaine de leur accord.
Des opportunités pour lutter contre la crise du logement
Des solutions existent. Il suffit de s’aventurer sur les territoires. C’est ce que rappelle l’Institut Sapiens qui met en valeur la richesse et la diversité des provinces françaises . Sans oublier que nombre de villages s’organisent et multiplient les initiatives pour attirer de nouveaux habitants.
La possibilité pour de nombreux métiers de travailler à distance permet également de repenser le logement. Doit-on alors se contraindre à vivre dans une métropole où le coût de la vie est élevé ?
Certes les zones rurales paient parfois leur éloignement des grandes villes. Mais là aussi, la situation change, comme en témoigne l’appel de Richard Viel, Directeur général de Bouygues Telecom. Il milite avec les autres opérateurs pour une meilleure couverture 4G des zones rurales, quitte à reporter les enchères de la 5G qui sont loin de faire l’unanimité dans le pays.
C’est donc un mouvement général de réappropriation du territoire par la population qui se déroule. Il permettrait de désengorger les métropoles, mais aussi de rétablir ou de renforcer une activité économique dans des centres et des communes qui voyaient leur population partir.
Des profils de co-locataires de plus en plus variés
S’installer dans une nouvelle ville pour des raisons professionnelles ou pour changer d’air n’est plus un choix définitif. Choisir de louer, ou de vivre en co-location, à la campagne ou dans une petite ville permet de découvrir progressivement une nouvelle vie. Pour les familles monoparentales, cela peut être l’occasion de repartir sur de nouvelles bases. Et de ne plus vivre avec l’angoisse du loyer à chaque fin de mois ou des imprévus. Moins la commune de résidence est grande, moins les dépenses de loyers pèsent dans le budget des ménages. Selon le CREDOC, les ménages ruraux consacrent 11% de leur budget à leur logement (soit 3 600 euros en moyenne chaque année). Ce chiffre s’élève, en revanche à 40% dans l’agglomération parisienne note la Fondation Abbé Pierre.
Pour les propriétaires, c’est également l’occasion de louer leur maison ou du moins une partie qui autrement resterait vide ou trop grande une fois les enfants partis.
La crise du logement n’est donc pas une fatalité. Des solutions existent, nées sur le terrain, de l’expérience. Il ne reste qu’à faire connaître ces possibilités. C’est la condition pour que le rêve d’un logement confortable et accessible à tous devienne une réalité.
Pour tout savoir sur les tendances de la co-location, consultez la rubrique “Logement” du blog de COOLOC. Et inscrivez-vous à la newsletter pour ne rater aucun article !
Crédit photo : Samuel McGinity