Dynamisme rural : ces villages qui innovent

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Si vous en avez assez du bruit, de la pollution et des loyers astronomiques, pourquoi ne pas vous installer à la campagne ? Immédiatement, des images de désertification rurale, de commerces fermés vous apparaissent. A tort ! Certains villages dans un esprit bien gaulois résistent et se battent contre la désertification. Et cela partout en France, avec des initiatives aussi variées qu’efficaces. Ils parviennent même à attirer de nouveaux habitants.

Leur point commun : l’implication des maires et du conseil municipal. Ils n’hésitent pas à remonter leurs manches et mettre la main à la poche pour sauver leur village d’une mort programmée. La désertification n’est donc pas une fatalité dans les campagnes françaises.

 

Miser sur le bio et l’écologie

Saint-Pierre-de-Frugie en Dordogne n’avait plus d’école. Son dernier commerce venait de mettre la clef sous la porte lorsque le maire, Gilbert Chabaud, a convaincu le village de tout miser sur le bio. Et cette décision a transformé le village.

Elle a tout d’abord  permis le retour des insectes pollinisateurs. Puis le village a mis en place un jardin partagé. Les habitants y sont formés à la permaculture et peuvent se fournir en fruits et légumes. Une animation qui dépasse rapidement les frontières de la commune. Le maire mise aussi sur le tourisme en faisant aménager des circuits de randonnée et en assurant la restauration du village avec des matériaux écologiques. Le succès est au rendez-vous. Les touristes sont revenus. Le bistro a rouvert ses portes. Et une épicerie bio alimentée par les agriculteurs de la région a vu le jour. De nouveaux habitants sont venus s’installer.

Restait à rouvrir l’école, fermée en 2007. Devant le refus de l’Education Nationale, le maire a décidé de donner sa chance à une jeune institutrice qui voulait monter une école Montessori. Le succès est tel qu’en un an, l’école a doublé le nombre de ses élèves.

Ayant fait la preuve que le choix du bio permet d’engendrer une dynamique vertueuse, le maire a encore des idées. Son prochain défi : rendre son village autonome en énergie.

 

Répondre aux besoins des habitants du village

A Sornac sur le plateau de Millevaches, c’est la fermeture de la station multi-services qui a servi de déclencheur. Voyant ses administrés partir à 20 km pour faire le plein et en profiter pour faire leurs courses, la mairie décide de reprendre la station et de faire payer l’essence à prix coûtant. Les administrés reviennent, ainsi que d’autres clients. La station a, depuis, doublé son chiffre d’affaires.

Et la mairie veille à répondre aux besoins de ses administrés : c’est le moyen selon le maire, Jean-François Loge, de s’assurer qu’ils restent au village. C’est ainsi que Sornac a ouvert une micro-crèche, la première de Corrèze. Lorsque le médecin local a pris sa retraite, le maire a recruté un médecin en Roumanie qui s’est installé dans un cabinet refait à neuf fourni par la mairie.

“Face aux carences du secteur privé, si on veut défendre notre qualité de vie, il faut bien se bagarrer » explique le maire. Lorsque la boucherie a fermé en 2014 faute de repreneur, tous les autres commerces ont vu leur chiffre d’affaires diminuer. Les habitants allaient acheter leur viande ailleurs et en profitaient pour faire le reste de leurs achats. Pour éviter l’effet domino, là encore la mairie a repris la boucherie, effectué les travaux de remise aux normes. Elle la loue depuis 2017 à un loyer très bas à un artisan boucher qui ne propose que des produits locaux et un rayon traiteur “fait maison”.

Il faut se battre” résume Jean-François : le plateau de Millevaches est un endroit merveilleux. Mais il faut se battre pour qu’on vive bien. Nous on l’a fait. J’espère que d’autres après nous continueront.”

 

 

Encourager l’activité commerciale

Reprendre des fonds de commerce pour les louer à bas prix, c’est aussi le choix du village de Fourmetot en Normandie. Depuis 20 ans, la mairie reprend, rénove et loue pour un loyer très attractif les commerces du village. A son actif, un bar-épicerie, un salon de coiffure, ou même un local pour jeunes entrepreneurs. Une opportunité en or pour de jeunes commerçants qui n’auraient pas eu sinon les moyens de s’installer.

Non seulement Fourmetot garde ses habitants, mais attire ceux des villages voisins. Cela crée du lien, de la vie appréciée par tous. Et c’est exactement ce que souhaite le maire : “on ne veut absolument pas devenir une ville dortoir. Les gens s’intègrent beaucoup mieux s’il y a des commerces de proximité.” Une formule qui fonctionne puisqu’une quarantaine d’emplois supplémentaires ont été créés dans le village.

 

A La Fère, dans l’Aisne qui compte près de 3 000 habitants, un commerce sur 4 est fermé en centre-ville. Une image de localité en déshérence que la Chambre de commerce compte bien combattre en lançant l’opération “J’ouvre mon commerce”. Elle a rassemblé propriétaires, banques, assureurs locaux et comptables. Ils ont accepté de baisser leurs tarifs pour ceux qui voudraient lancer un nouveau magasin dans la ville. Les porteurs de projets sont accompagnés pendant leur première année d’activité par la CCI et par la mairie.

Environs un mois après le lancement de “j’ouvre mon commerce”, un premier magasin – du prêt-à-porter – a ouvert ses portes en avril 2018.

 

A Limoux en Dordogne,  agriculteurs, entrepreneurs, enseignants et lycéens collaborent pour lutter contre la désertification rurale. A la manière d’une start-up, les lycéens doivent élaborer un projet et aller à la recherche de partenaires et de financements. Là encore l’idée est d’unir les forces et les idées pour lutter contre la désertification des petites villes.

 

Et l’Etat dans tout cela ?

La désertification des zones rurales est également une préoccupation au niveau de l’Etat qui a créé au milieu des années 1990 les Zones de Revitalisation Rurale qui permet aux entreprises s’installant dans ces zones de bénéficier, sous certaines conditions, d’exonérations fiscales attractives. Le dispositif est actif jusqu’au 31 décembre 2020. Si l’Etat peut inciter, la solution à la désertification vient des territoires eux-mêmes.

 

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Crédit photo : Samuel McGinity