Colonies, le coliving à la française

Logement
Colonie, le coliving à la française à la conquête de l'Europe

Colonies, pionnier du coliving nouvelle génération, s’étend aujourd’hui en Europe. François Roth, l’un des trois co-fondateurs nous raconte les dessous d’une start-up à succès.

 

Un projet entre amis…

COOLOC : Comment est né Colonies ?

François Roth : J’ai rencontré Alexandre Martin et Amaury Courbon, à l’Essec, en résidence étudiante.  Nous sommes devenus amis. Nous avons ensuite eu des carrières dans des domaines différents. L’envie de monter un projet ensemble cependant nous tenaillait. Nous avons acheté un petit appartement avec nos premières économies à Cergy-Pontoise. Nous en avons fait la colocation dont nous aurions rêvé lorsque nous étions étudiants. La demande a été énorme, car nous avions pensé la colocation comme un utilisateur plutôt que comme un propriétaire.  Nous avons réalisé quatre opérations de ce type.

Puis nous nous sommes rendus compte que les jeunes actifs étaient confrontés aux mêmes problèmes de logement. Nous avons donc décidé de repenser les unités à louer avec davantage d’ambition, pour un public qui travaille et qui dispose de plus de moyens.

Nous sommes allés à Londres, aux Etats-Unis pour observer ce qui se faisait en matière de co-living. Comme pour les logements étudiants, nous nous sommes demandé quel serait le logement idéal pour des trentenaires comme nous.  Nous n’avons pas envie d’être seuls, mais nous avons besoin d’intimité, d’espaces privés. Nous avons aussi envie d’espaces communs plus qualitatifs, par exemple une salle de sport, un espace de co-working…

 

Savoir rester humain

COOLOC : Que propose Colonies aujourd’hui ?

La moitié des co-living de Colonies sont des maisons, l’autre moitié, des immeubles. Mais ces derniers ne sont pas encore livrés car il s’agit de projets de construction qui s’étalent de 3 à 5 ans. Nous attendons notamment une grosse résidence à Orsay qui comptera 330 appartements et sera livrée en 2022.

COOLOC : Comment maintenir la dimension humaine avec des projets d’une telle envergure ?  

François Roth : Notre concept repose sur la formation des communautés de taille limitée. Même avec un gros projet, comme celui d’Orsay. Les communautés  –  ou houses – rassemblent 6 à 10 personnes. Chacune est parfaitement autonome. Au sein de la résidence, vous ne pouvez accéder qu’à votre house. Et les membres des autres houses ne peuvent accéder à la vôtre, à moins que vous ne les invitiez. Vous aurez donc 30 maisons de 10 personnes toutes autonomes, avec un grand salon une cuisine, un grand studio privé. Mais dans ces grandes résidences, vous allez avoir davantage de « super communs partagés ». Habituellement, dans une maison, nous installons une salle de cinéma, une laverie, un jardin. Là nous sommes plus ambitieux. Il y aura des espaces de travail, une salle de sport, une salle de cinéma et de jeux vidéo, des infrastructures sportives, un parc…

COOLOC : Colonies est l’un des pionniers du coliving en France, mais il compte aussi un certain nombre de concurrents ?

Nous sommes uniquement opérateur, c’est notre grande différence. Certains concurrents sont aussi des promoteurs immobiliers par exemple. Notre rôle, et le fondement de notre business modèle, est d’assurer un taux d’occupation à 100% au prix prévu. Pour y parvenir, nous n’avons pas le choix : nous devons proposer un produit au plus haut standard de qualité et qui correspond à ce qu’attendent nos clients.

Si jamais notre espace se dégrade, si les clients ne sont pas satisfaits, qu’ils partent et que nous ne parvenons pas à les faire revenir, Colonies n’existe plus. Notre client, c’est l’occupant final. Nous allons tout faire pour qu’il soit bien, heureux et nous recommande à d’autres personnes.

 

Des clients venus de partout

COOLOC : Qui vient chez Colonies ?

François Roth : Nous accueillons majoritairement des professionnels. A l’heure actuelle, la moyenne d’âge est de 30 ans. Nous avons aussi des étudiants – même si ceux-ci ne représentent pour le moment que 5% de nos clients, mais cela devrait changer avec notre projet à Orsay. Et 20% à 25 % de nos clients sont des couples.

En général, nos coliving chez Colonies se composent pour moitié de locaux et pour moitié de nouveaux venus en ville, étrangers ou non. La durée moyenne séjour est d’un peu plus un an. Nous n’avons que peu de visibilité, car nos résidences les plus anciennes se sont ouvertes il y a un peu plus d’un an. Ce que nous constatons, c’est que, pour l’instant, les gens partent peu.

COOLOC : A quels autres publics souhaite s’adresser Colonies ?

François Roth : Nous nous développons actuellement en Europe occidentale : dans les grandes villes de France, mais aussi en Allemagne, dans les pays du Benelux et en Suisse

Par ailleurs, nous pensons que les communautés ne doivent pas s’adresser seulement aux trentenaires ou aux étudiants. Nous pourrions parfaitement proposer nos services à des familles. Je vois autour de moi de jeunes parents qui ont les pires difficultés à trouver une place en crèche ou une nounou. Nous sommes en trains de réfléchir à des lieux qui offrent des espaces de jeux pour les enfants, où interviendraient une nounou ou des jeunes filles au pair pour s’occuper des enfants, et où les parents pourraient rencontrer d’autres familles…

 

Plus de flexibilité pour se loger

COOLOC : Quelles sont les conditions pour vivre chez Colonies ?

François Roth : Nous sommes beaucoup moins exigeants qu’un bailleur classique. Nous demandons seulement aux gens de nous fournir un justificatif de leur capacité à payer le loyer. Mais ils sont libres. Un entrepreneur au chômage nous a ainsi montré qu’il avait levé des fonds, donc qu’il était sérieux et qu’il croyait en son entreprise. Nous avons des free lance qui montrent qu’ils ont de gros clients. Nous sommes assez flexibles.

 Si quelqu’un a décroché un emploi, nous n’attendons pas la fin de sa période d’essai pour accepter son dossier.  Nous prenons des gens en CDD, en stage, et n’hésitons pas à donner sa chance à quelqu’un qui vient d’obtenir son premier emploi.

La plupart de nos clients arrivent pour des raisons professionnelles. Ils n’ont pas suffisamment de garanties – comme les fiches de paie, le CDI – pour obtenir un appartement classique. Parfois, ils ne connaissent pas grand monde et ne savent pas trop où aller. Résultat, ils se retrouvent chez nous, ils s’y plaisent… et ils restent.

Cela correspond aussi à une tendance de fonds. Les milleniums, selon des statistiques, changent rapidement d’emploi, en moyenne tous les deux ans. Cela ne fera que s’accélérer notamment avec la crise. Il est de plus en plus difficile de trouver un emploi ou des missions en free lance. Les gens ont besoin d’être mobiles et de se rapprocher des centres urbains.

 

Un modèle qui s’adapte

COOLOC : qu’est-ce qui attire les clients chez Colonies ?

Nous n’avons pas un modèle de logement fixe. Notre produit évolue en fonction des besoins des gens, des cibles, des zones géographiques. Nous sommes présents à Paris, Berlin, Bordeaux. De nouveaux Colonies ouvriront bientôt à Bâle, Genève, Bruxelles et au Luxembourg. Nous sommes tournés vers l’Europe. Mais selon la ville, nous ne proposons pas le même produit qu’on soit à Paris, à Berlin ou à Bordeaux.

Notre force est de proposer un logement augmenté, qui se double d’un vrai réseau. Si vous vivez chez Colonies à Berlin et que vous avez envie de passer le week-end ailleurs, vous pouvez, grâce à notre plate-forme échanger votre unité de Berlin contre, par exemple celle d’un locataire de Bordeaux, pendant deux-trois jours. Nos clients peuvent échanger leur unité sans se croiser. Il leur suffit de monter dans un avion ou un train pour passer le week-end à l’autre bout de l’Europe gratuitement. Nous gérons tout en ligne.

Nous organisons également des activités, des événements. Pendant le confinement, nous avons ainsi proposé des cours de cuisine et de sport en visioconférence…

 

Colonies, le coliving devient une expérience de vie

COOLOC : Au-delà des services, qu’est-ce qui rend le coliving chez Colonies humain ?

François Roth : Chez Colonies, plus que le coliving, nous privilégions l’expérience de vie. Nous recevons davantage de demandes que nous n’avons de places. Cela nous permet donc de sélectionner les gens selon leur profil, les loisirs, les langues parlées et de créer des coliving conviviaux et équilibrés. Ainsi, nous ne proposons pas une place à quelqu’un qui ne parle pas français dans une house où il n’y a que des Français. Nous chercherons à trouver un mix avec des gens qui parlent anglais, afin que le locataire ne se sente pas isolé. Nous sommes attachés à la mixité des origines, des langues, des sexes. Une seule exception cependant : la fourchette d’âge ! Si une colocation compte surtout des étudiants et la moyenne d’âge est de 23 ans, nous allons éviter d’y installer un quadragénaire par exemple.

Pour cela, nous nous adaptons, de façon empirique, entre les départs et les arrivées. C’est notamment le travail des experience managers qui observent ce qu’il faut changer, ce qui fonctionne. Ce sont eux qui gèrent les résidences ouvertes. Ils vous accueillent quand vous arrivez. C’est avec eux que vous êtes en contact quand vous partez. Ils interviennent en cas de problème ou de besoin, organisent les évènements dans les coliving.

 

Prendre soin des clients… en amont

Chaque experience manager s’occupe à temps plein d’environs 150 clients. Ce n’est finalement pas beaucoup. Ils les connaissent tous par leur prénom, ont parlé à chacun d’entre eux. Cela reste très humain comme dimension.

Nous avons également une équipe produit chargée de discuter avec les clients et les futurs clients afin de savoir ce qu’ils attendent, non seulement en termes d’architecture, mais aussi en termes de services. Ils répondent aussi à des questions plus vastes : qu’est-ce qu’une bonne communauté ? Quels événements aimeraient-ils voir organisés ? En amont de la conception de l’espace, nous sommes déjà à l’écoute des besoins de nos futurs clients.

 

Pour tout savoir sur les tendances de la co-location, consultez la rubrique “Logement” du blog de COOLOC. Et inscrivez-vous à la newsletter pour ne rater aucun article !

Crédit photo : Colonies