Sauver son village : la mission des maires des petites communes
Et si c’était sur les maires des petites communes que reposait la survie des villages ? En ces temps de solidarité, retour sur l’engagement de ces maires prêts à tout pour sauver leur village.
La crise des petites communes
Entre l’exode rural et la multiplication des grandes surfaces à proximité des moyennes et petites villes, les maires des petites communes doivent affronter bien des obstacles pour maintenir leur commune en vie. En clair, garder les habitants, voire attirer de nouveaux résidents.
En effet, la baisse du nombre d’habitants entraîne la disparition des commerces : fermeture de la poste, du bar, de la boulangerie…. Et c’est un peu de la vie du village et des occasions de se rencontrer et de discuter qui disparaissent !
De même la fermeture des services publics de proximité oblige les administrés à s’éloigner sans cesse davantage de leur domicile pour réaliser leurs démarches…
Des maires mobilisés pour sauver les villages
Nombre de maires de petites communes se battent au quotidien pour maintenir la vie dans leur village. Une véritable mission pour certains qui multiplient les démarches et les initiatives pour faire revenir les commerces et les services dans leur village.
C’est le cas de Benoît Hennart, maire de Quittebeuf dans l’Eure, qui est en train de devenir une star médiatique tant son engagement au service de son village impressionne journalistes et même les élus. Maire d’une petite commune de 600 habitants depuis 2008, il s’est engagé à faire le maximum pour garantir le maintien des quelques enseignes ouvertes encore à l’époque dans le bourg. « C’est le rôle d’un élu de venir au secours de son village, de ses commerces et donc de ses habitants, sinon c’est la fin et on se fait absorber dans un système sans âme » déclarait Benoît Hennart en février dernier au Parisien.
Et pour secourir son village, il déploie une énergie sans faille. Ainsi il n’a pas hésité à emprunter 200 000 € à titre personnel pour racheter et retaper la boulangerie-pâtisserie. La mairie a également racheté la licence IV qui autorise la vente d’alcool lorsque le bar du village a fermé. Et c’est Monsieur le maire lui-même qui a suivi la formation obligatoire à Paris, pour permettre au bar de rester ouvert, ce qui lui permet de se désigner avec humour sous le nom du « maire-barman ». Avec une équipe de bénévoles, il a également retroussé ses manches pour retaper le bar-épicerie et lui permettre de rester ouvert.
Pour les maires de petites communes, être multitâche est nécessaire
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le maire s’est tant dédié à la reprise du bar. Le groupe SOS a récemment lancé une opération pour ouvrir ou relancer des cafés dans les communes de moins de 3 500 habitants, afin d’offrir un lieu de sociabilité et de recréer du lien social.
Benoît Hennart en attendant ne chôme pas. S’il prend au besoin la casquette de barman, il n’hésite pas à endosser également celle de nounou, en cas d’absence du personnel de la garderie municipale ; ou celui de postier au cas d’absence de la secrétaire de mairie – qui tient également l’agence postale.
S’il gère les tâches administratives et peste au passage contre les normes administratives et les organismes avec lesquels « il faut se bagarrer pour avoir le moindre renseignement »confiait-t-il à Paris-Normandie, son constat est sans appel : pour mener à bien sa tâche de maire, « il faut savoir se débrouiller seul » avec son équipe administrative. Et avoir de l’énergie à revendre, comme lui qui est sur tous les fronts, gère les pannes et les besoins de ses administrés. « Tout le monde a mon portable, ils peuvent m’appeler nuit et jour, ils n’hésitent pas : des toilettes bouchées, une mamie dont la télé ne fonctionne plus ou qui a perdu son dentier derrière un meuble » explique-t-il à France Bleu.
Et de fait, sa popularité est au plus haut : 63% d’opinion favorable. Il se représente pour un troisième mandat et réconcilie ses administrés avec la figure de l’homme politique qui se donne pour eux.
Les maires des petites communes, des héros si discrets
Et ils sont nombreux ces maires qui se battent pour maintenir de la vie dans leur village, aident les familles à rester ou à s’installer. Ainsi, en Ariège, le maire de L’Hospitalet-près-L’Andorre s’est battu pour permettre l’ouverture d’une maison destinée aux mères célibataires qui bénéficient également d’une formation et de la possibilité d’obtenir des emplois saisonniers.
D’autres maires de petites communes s’emploient eux à sauver leur école et donc garder les familles dans la commune. Ainsi pour parvenir à douze élèves, chiffre minimum pour garder l’école ouverte, le maire d’Ascros, une commune de 160 habitants de l’arrière-pays niçois, a proposé trois logements communaux pour 200 euros de loyer les 3 pièces. Mission accomplie, 18 élèves sont aujourd’hui scolarisés à Ascros.
Dans un autre genre, le maire de Montereau dans le Loiret a organisé une distribution de Viagra pour repeupler le village. Ce qui se voulait une opération de communication aurait-elle eu de réels effets ? Toujours est-il que la commune a fêté onze naissances, contre zéro dans la commune voisine.
A Sornac, sur le plateau de Millevaches, c’est la fermeture de la station multi-services qui a servi de déclencheur. La mairie a décidé de reprendre la station et de faire payer l’essence à prix coûtant pour éviter à ses habitants de partir à 20 km faire le plein … et en profiter pour faire leurs courses dans une grande surface.
Savoir accueillir les nouveaux habitants
Dans la petite ville de Luzy dans le Morvan, une grande fête annuelle accueille les familles nouvellement installées.
Tous ont à cœur le bien-être de leurs administrés et de leur faciliter la vie. Un moyen pour que la vie de village ne soit pas un souvenir mais reste une réalité. Elle continue d’ailleurs de faire rêver les 82% de citadins français qui souhaitent vivre dans un village.
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Crédit photo : Samuel McGinity