La maison en A, une aventure… née d’une colocation

Logement
Maison en A, un projet né d'une colocation

La maison en A, vous connaissez ? Appelée aussi « A-frame » en anglais, la maison en A est un concept de maison auto-construite simple et très accessible. « Si vous savez faire un triangle, vous pouvez faire une maison en A » explique Elizabeth Faure, grâce à qui la maison en A est devenue un succès phénoménal depuis quelques années.

Mais de quoi s’agit-il exactement ?

 

Construire sa propre maison… sans avoir beaucoup d’argent.

C’est l’idée de départ d’Elizabeth. « J’ai toujours voulu travailler avec ceux qui n’ont pas d’argent. » Après ses études d’architecte en Grande-Bretagne, Elizabeth a passé sa vie à restaurer et rénover des maisons notamment en Dordogne. Mais son rêve est ailleurs, «Je voulais faire une maison pour les pauvres, les fauchés. Avec 8 000 €, j’ai calculé qu’on pouvait se construire soi-même une jolie petite maison de 25 m2

 

La maison en A, kezaco ?

Pourquoi une maison en A ? «J’ai étudié cette forme qui existe depuis la nuit des temps. D’ailleurs, lorsque les enfants font une cabane, ils prennent deux cartons appuyés l’un contre l’autre pour faire un triangle. Pour la maison en A, c’est la même chose … à une autre échelle. »

La maison en A, c’est donc une maison en forme de triangle, dont la structure est faite de triangles en bois assemblés entre eux. 

 « C’est ce qu’il y a de moins cher, de plus facile » assure Elizabeth. Après avoir regardé des tutoriels et fait ses plans, elle s’est lancée dans la « grande aventure ».

Car Elizabeth n’a pas seulement conçu sa propre maison. Elle a tout fait elle-même, depuis les fondations, jusqu’à l’isolation, en passant par la plomberie et l’électricité. « La seule chose à laquelle je n’ai pas touché, c’est le raccord de la boite de fusibles. Mais pour le reste, l’électricité, la plomberie, c’est facile. Il suffit de vouloir apprendre … et de ne pas râler ».

Un énorme défi a priori, «Mais, répète Elizabeth, j’aime le travail. J’aime bien avancer petit à petit comme les fourmis. Et puis surtout, je voulais absolument le faire moi-même et ne pas attendre que quelqu’un le fasse pour moi. Je voulais être autonome.»

Et en fin de compte, la construction de sa maison a été assez rapide. « En juillet, les fondations étaient posées et on a pu monter les premiers triangles. En septembre, la première chambre était prête. »

Le coût total de cette maison – de 181 m2 sur deux étages- s’élève à 40 000 €.

 

Deux projets menés de front pour une aventure humaine unique

Elizabeth est aujourd’hui devenue une référence dans la communauté sans cesse grandissante de ceux qui veulent construire leur maison en A. Et cela grâce à Morgane Launay, jeune réalisatrice de talent qui connait Elizabeth depuis son enfance.

« Quand Elizabeth m’a dit qu’elle vendait sa maison – une ancienne maison rénovée que j’aimais beaucoup- pour se lancer dans la construction de sa maison, je lui ai dit que je la suivais. Moi aussi, j’avais besoin de changement : j’ai quitté mon boulot à Paris. J’ai quitté mon copain de l’époque. En parallèle, j’avais été acceptée en formation d’écriture à la FEMIS. Et c’est ainsi que je me suis installée avec ma tente sur le terrain d’Elizabeth. Elle-même vivait dans la cabane qu’elle avait construite, le temps que sa maison soit édifiée. Je venais deux semaines par mois. Une fois que la première pièce a été construite, nous y avons vécu ensemble. Cela nous servait aussi d’espace de vie. »

Une colocation qui finalement tombait à pic pour deux projets a priori risqués. « Chacune, nous avons dû nous lancer sans filet, se rappelle Morgane. Il y avait une espèce d’urgence : Elizabeth se mettait à la rue pour pouvoir construire sa maison et montrer que c’était possible. De mon côté je n’ai pas obtenu de subvention pour faire le documentaire, mais je voulais raconter cette histoire. Ce qui nous a aidé toutes les deux, c’est que nous étions chacune sûre et certaine de la réussite de l’autre. »

Et en effet, chacune mène son projet a bien. « Moi je filmais et Elizabeth construisait sa maison. Je l’ai un peu aidée, mais vraiment pas beaucoup.  Nous menions chacune nos projets en parallèle. »

En 2013, Elizabeth termine sa maison. Reste bien quelques travaux à finir comme l’isolation du 1er étage. « Mais les sous étaient finis ». Qu’à cela ne tienne, la maison est parfaitement habitable et habitée.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Et pourtant….

 

« Quelque chose de dingue »

En 2015, le film sort. Pendant quelques temps, Morgane le présente lors des festivals, assure sa promo. Jusque-là, rien que de très classique. 

En 2020, Morgane décide de le rendre accessible au public sur Youtube. C’est un succès. Le film est repéré par le programme 18h39 qui décide de faire un reportage chez Elizabeth. « Cela a déclenché quelque chose de dingue » se souvient Morgane. De plus en plus de gens contactent Elizabeth et viennent visiter sa maison.

La communauté des maisons en A grandit, le nombre de maisons en A aussi, inspirées par l’aventure d’Elizabeth, mais aussi en s’appuyant sur son savoir-faire.

 

Une façon de faire et un esprit unique

Elizabeth, elle, reste modeste. Elle rappelle qu’elle n’a rien inventé. « Je n’ai pas créé un kit pour construire sa maison en bois. Mais je montre une façon de faire, facile à réaliser ». A ceux qui lui demandent, Elizabeth vient donner un coup de main. « En général, je viens montrer comment monter les deux premiers triangles, d’autant plus que pour le faire, il faut être 4. Ensuite, une fois que le principe est compris, il suffit que deux personnes s’y mettent… voire une seule avec le système de poulies. »

Construire une maison, même sans être riche, tout le monde peut y arriver ! C’est ce que montre l’aventure d’Elizabeth. Depuis le succès du film, c’est toute une communauté qui s’inspire de son aventure. Et sa maison ne désemplit pas. « En ce moment, j’ai des gens qui terminent de fabriquer leur tiny house dans le jardin. »

En osant faire sa maison toute seule, Elizabeth a montré la voie et pour beaucoup, l’aventure de la maison en A ne fait que commencer.

 

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Crédit photo : Morgane Launay