Vincent Ravalec : la colocation bio parle du monde d’aujourd’hui

Témoignages
Colocation bio

Pour Vincent Ravalec, la colocation bio représente surtout un moyen de parler de notre rapport au monde d’aujourd’hui. Ecrivain, réalisateur, scénariste et producteur, Vincent Ravalec a notamment obtenu le prix de Flore en 1994 pour son roman « Cantique de la Racaille« . Il vient de publier “Coloc Bio, le Guide”.

 

La co-location, un microcosme pour réfléchir à la vie urbaine 

COOLOC : Comment est née l’idée du livre ?

Vincent Ravalec : J’ai vécu en co-location, ma fille aussi, ainsi que la mère de mes enfants. Le sujet m’intéressait et je voulais faire un livre en collaboration avec ma fille et sa mère. Je me disais que ce serait sympa d’avoir un guide sur la table basse du salon qui essaie d’impulser des envies et des questionnements. 

La co-location me semble un biais intéressant pour parler du monde d’aujourd’hui. C’est un microcosme assez révélateur et assez enthousiasmant sur la façon dont on peut réfléchir à la vie d’aujourd’hui, en particulier à la vie urbaine. 

Quand on est en co-location, c’est souvent un moment de sa vie où l’on est entre parenthèses. C’est un temps de réflexion, on se pose un peu. On réfléchit pour donner une orientation à sa vie, soit parce qu’on est en début de vie professionnelle, soit parce que l’on vient de se séparer ou alors parce que l’on prend sa retraite. Il y a de plus en plus de colocations intergénérationnelles ou de colocations de retraités.

Je pense que c’est un bon terreau et une bonne matrice pour se poser et regarder le monde différemment. Derrière ce guide, il y a une volonté vaguement citoyenne de poser des questions.

L’idée du guide est d’aborder de nombreuses options pratiques, juridiques et techniques de façon à faciliter tout projet de co-location.

 

Le principe de la colocation bio

COOLOC : Pourquoi parler de colocation bio ?

Vincent Ravalec : Etre bio, ce n’est pas seulement faire pousser ses tomates sans pesticides, c’est aussi cultiver un certain art de vivre.

En co-location, on est au coeur d’une réalité, d’un écosystème qui fait que nous sommes tous interdépendants. 

En co-location, rien n’est figé. Au contraire, c’est très ouvert. En revanche, on est obligé de garantir le minimum vital de respect de l’autre pour que l’échange et la vie commune soient possibles. 

Dans une co-location, vous devez composer avec des gens avec lesquels vous n’avez ni liens intimes, ni liens de sang. La question de l’interdépendance se pose de manière cruciale. C’est un écosystème en soi, d’où le terme de bio. 

Le bio, c’est un équilibre qui se crée et qui est viable pour tout le monde. S’il y a un déséquilibre, par exemple si quelqu’un ne se comporte pas bien, laisse traîner des affaires sales, ou si une relation affective vient perturber l’ensemble, la colocation explose. Il faut un équilibre subtil pour que la co-location fonctionne. 

Aujourd’hui, on a modifié l’écosystème de la planète de manière dramatique. Or je pense que le système d’éco-colocation permet de penser de manière différente nos rapports avec les autres et donc avec l’environnement. 

La colocation bio peut permettre d’adopter d’autres comportements, d’autres manières de voir les choses et de penser le monde de demain. Nous sommes dans un monde très complexe, doté de moyens inouïs, sur lesquels nous n’avons pas forcément de prise concrète. La co-location au contraire nous remet en prise directe avec la réalité. Elle est un point de départ pour se mouvoir différemment dans le monde.

 

Mettre en place une colocation bio

COOLOC : C’est pour cela que votre guide parle de feng shui, culture en appartement, détox et propose même des recettes de cuisine ?

Je trouve qu’il existe un potentiel dans les co-locations, que l’on n’exploite pas forcément. Il me semblait que c’était un bon moyen d’y réfléchir. Le guide a pour vocation de donner un maximum de pistes, d’ouvrir la réflexion.  Il comprend de nombreux témoignages, ainsi que des contributions de spécialistes en feng shui, en décoration, en énergétique, en psychologie, en jardinage urbain, en numérologie, en alimentation, en organisation domestique, en sociologie… avec plus de 100 schémas, graphiques, dessins, photos et croquis humoristiques. Il y a aussi 40 recettes inédites spéciales co-location et l’ ÉcoScope, un annuaire exclusif de 130 contacts pour connaître tous les bons plans liés à la co-location

Pour moi, l’idée est que les gens qui passent le feuillettent, sans le lire en entier, mais lisent un article, regardent un dessin et que cela leur donne des idées.

Je me disais qu’une colocation bio peut créer de vrais projets.

 

COOLOC : Que pensez-vous du feng shui, cet art millénaire d’aménager un logement pour améliorer le bien-être de ses habitants ? 

Je ne suis pas connaisseur en feng shui. Pour le guide, j’ai interviewé une autorité en la matière, Marie-Pierre Dillenseger. Je reste persuadé que la relation avec l’espace est important. 

La manière dont on habite un lieu est importante, la manière dont on dispose les meubles, l’histoire du lieu… Tout cela participe à l’habitat. 

Une colocation bio pousse le phénomène encore plus loin. En co-location, les gens arrivent avec des histoires différentes qui doivent se superposer au lieu qu’ils viennent habiter. Il s’agit d’une relation complexe.

 

Ensemble et soi-même

COOLOC : Quelle serait votre co-location idéale ?

Vincent Ravalec : Ma co-location idéale, c’est la devise de la comédie française : “simul et singulis : être ensemble et rester soi-même”. Ce serait arriver à trouver le juste équilibre, qui permet d’être à la fois singulier et avec tout le monde.

Vivre de nouveau en co-location ? Oui mais il faudrait que la maison soit assez grande. J’écris, je travaille chez moi. J’ai besoin d’avoir un espace.

 

Vincent Ravalec, Coloc Bio, le Guide, Mama Editions, 2019.

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Crédit photo : Mama Éditions