Maman solo au Japon : un véritable défi
Si le statut de maman solo est souvent compliqué, avec son lot d’inquiétudes et d’incertitudes, il peut se révéler un vrai défi dans un pays comme le Japon, explique Ayana Nishikawa, journaliste japonaise.
Maman solo au Japon : précarité assurée
COOLOC : Être mère célibataire au Japon, est-ce un statut difficile à assumer ?
Ayana Nishikawa : Il y a de plus en plus de familles monoparentales au Japon. Elles étaient 1,42 million en 2016 selon le gouvernement. Et parmi elles, 1,23 million, soit 90%, sont des mères célibataires.
Le phénomène est aujourd’hui plus visible. Il est donc socialement mieux accepté. Cependant, la réalité est qu’être mère célibataire aujourd’hui représente un facteur accru de pauvreté. Environ 50% des mères célibataires au Japon vivent sous le seuil de pauvreté.
Lorsqu’il est question de famille monoparentale, on pense principalement à des mères célibataires en situation de grande précarité.
COOLOC : Les entreprises sont-elles sensibilisées au sujet des mamans solo ?
Ayana Nishikawa : Lorsque les entreprises font passer des entretiens, elles savent qu’une mère célibataire devra rester à la maison avec son enfant si celui-ci est malade, partir plus tôt pour aller le chercher à l’école… Elles rechignent donc à les embaucher. Ou alors elles ne leur proposent dans la plupart des cas que des CDD ou des emplois à temps partiel. Ces derniers conviennent davantage à des femmes mariées qui reprennent une activité professionnelle. En effet, lorsqu’une femme mariée a un enfant au Japon, il n’est pas rare qu’elle arrête de travailler pour se consacrer à sa famille. Avoir une nounou est très mal vu. C’est à l’épouse, à la mère, de prendre soin de sa famille.
Avec les CDD, le salaire est bien plus bas qu’en CDI. Ajoutez à cela que, traditionnellement, l’écart salarial entre les femmes et les hommes japonais est l’un des plus importants au monde et vous comprenez pourquoi la situation des femmes divorcées est difficile.
Quelles aides pour les mamans solo au Japon ?
COOLOC : Les mères célibataires bénéficient-elles de prestations sociales ?
Ayana Nishikawa : Il existe des avantages pour le logement, le transport, l’école, etc… Parmi les aides les plus importantes, nous pouvons citer :
- Le Jido ikusei teate : il s’agit d’une aide d’une centaine d’euros afin de couvrir les besoins de l’enfant en matière d’éducation
- Le Jido Fuyo Teate est un autre type d’aide concerne les familles monoparentales, qu’il s’agisse de père ou de mères célibataires qui peut atteindre 400 €.
- Enfin si vous êtes particulièrement pauvre, vous pouvez aussi prétendre à une aide de l’État. En revanche, l’obtention est extrêmement restrictive. Vous ne devez posséder quasiment rien, pas même une voiture pour y avoir droit.
COOLOC : Peuvent-elles compter sur une entraide familiale ?
Ayana Nishikawa : Tout dépend du type de famille dont elles sont issues. Elles peuvent retourner chez leurs parents. C’est ce que ma propre mère a fait lorsqu’elle a divorcé en 1990. Mais à l’époque, retourner chez ses parents après son divorce n’était pas bien vu. C’était même une source de honte. Aussi, la situation est restée assez tendue pendant des années entre ma mère et ma grand-mère.
Des rapports difficiles entre ex-conjoints
COOLOC : Qu’en est-il des rapports au sein du couple divorcé ?
Ayana Nishikawa : En France, lors d’un divorce, les enfants sont élevés par leurs deux parents, que ce soit en garde partagée ou un week end sur deux. Au contraire au Japon, seul l’un des deux parents peut obtenir la garde exclusive. Et c’est souvent le cas des mères. Aussi les mères célibataires n’ont plus de temps pour elles : elles passent leur temps à travailler et à s’occuper de leur enfant toutes seules. Elles ont à peine le temps de se reposer. C’est une situation très difficile.
Il est très facile de divorcer au Japon sans tribunal mais simplement en signant un document. Les pensions alimentaires sont obligatoires mais les parents qui y sont soumis n’ont pas de preuve si le divorce se concrétise par la signature d’un simple document plutôt qu’en passant par le tribunal. Les mamans solo doivent donc la plupart du temps se débrouiller vraiment seules.
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