Musique et colocation, cela donne… la Coloc à Son
Une colocation de musiciens, cela ressemble à quoi ? C’est pour répondre à cette question qu’à Saint-Etienne, une colocation autour de la musique vient de voir le jour. Rencontre avec la propriétaire de la Coloc à Son, Aude Stochmal.
Une colocation sous le signe de la musique
COOLOC : Comment est née la Coloc à Son ?
Aude Stochmal : L’idée est née pendant le confinement. Je m’interrogeais sur les nouveaux modes d’habitat. En ce qui me concerne, j’ai habité longtemps en colocation et en location, j’ai beaucoup déménagé. J’étais seule pendant le confinement et je me demandais à quoi ressemblerait un lieu avec des créatifs pendant le confinement … et pendant toute l’année.
COOLOC : Et la musique était une évidence ?
Aude Stochmal : Je suis musicienne. Et la musique me passionne depuis toujours. Cela m’a toujours transcendé. Cela me permet de me connecter aux autres, de faire passer des émotions, c’est mon langage, c’est ma culture. J’essaie de transmettre ma passion autant que possible.
3 mois pour monter le projet
Aude Stochmal : Je me suis alors lancée dans ce projet. Tout s’est créé de façon naturelle et assez rapide. J’ai trouvé le nom de mon concept, commencé à construire mon offre et les services que j’imaginais. J’habite entre Montpellier et Paris, mais je suis originaire de Saint-Etienne. C’est là que j’ai commencé la musique. J’ai passé 18 ans au conservatoire, j’ai un bon réseau de musiciens, d’amis, de créatifs qui sont là-bas. Très rapidement, il m’est apparu que c’était la ville la plus adaptée pour ce projet.
De plus, le prix au m2 est beaucoup plus abordable. Il aurait été impossible de monter un tel projet à Paris, ni même à Montpellier.
J’ai commencé à chercher des biens à acheter et j’ai trouvé par hasard l’appartement idéal pour le projet. Cela a été la confirmation que l’idée était bonne. J’ai monté le projet en 3 mois, dossier, conclusion de la vente et travaux compris.
Le lieu idéal
COOLOC : comment avez-vous trouvé le lieu ?
Aude Stochmal : C’est une ancienne usine de fabrication de moteurs, à proximité de la place Jean Jaurès, donc en plein cœur de la ville. L’usine a d’abord été transformée en bureaux, puis en habitations. Les volumes et l’espace m’ont immédiatement séduite.
L’appartement fait 163m2. Ce qui m’a plu, c’est qu’il y a une vraie scission entre la partie espace vie commune avec une vraie entrée, une grande cuisine indépendante, un énorme salon de 42m2 et le coin nuit. L’ensemble se prêtait à mon projet. Il permettait aussi de faire un petit studio de musique dans l’une des pièces. Aussi, je me suis projetée rapidement dans les volumes.
Il y avait un faux plafond avec une sorte de crépi moche. Mais j’ai découvert dans l’appartement voisin – qui est également celui de l’ancien propriétaire – qu’en dessous, il y avait des poutres industrielles. C’était idéal. J’avais déjà commencé à travailler sur les plans de l’appartement et j’avais une vision industrielle du lieu, façon loft new yorkais, avec des matières précises. Il fallait retrouver l’essence du lieu, et j’ai décidé immédiatement de casser les faux-plafonds. Les délais étaient très courts, mais nous sommes très fiers d’avoir réussi à les tenir.
Des travaux réalisés en un temps record
Pour les plans de l’appartement, j’ai fait appel à l’agence Rhinov. J’ai fourni un brief sur les différentes pièces et notamment sur le salon. J’avais une vision précise de ce que je voulais. L’agence m’a proposé des plans en 3D. J’avais donc quelque chose à montrer aux futurs co-locataires pendant le temps des travaux. Les visuels leur ont permis de se projeter dans les volumes, de visualiser le concept. En effet, ils n’ont pas pu visiter les lieux avant de signer. Nous avons terminé les travaux exactement une demi-heure avant leur arrivée !
Renov a respecté chaque intention de mon brief. Les meubles sont quasiment les mêmes que sur les plans, alors que je les ai cherchés, chinés pendant tout l’été, nuit et jour. Il y a aussi des instruments qui m’appartiennent. En fin de compte, l’appartement correspond exactement à la présentation. C’était important pour moi. Je ne voulais surtout pas que les co-locataires soient déçus à leur arrivée.
La musique au cœur de la colocation
COOLOC : La musique est très présente dans la colocation ?
Aude Stochmal : Je travaille dans l’industrie musicale, pour une agence de marketing sonore. Je baigne dans la musique, je travaille avec des artistes et avec des marques au quotidien.
J’ai créé une webradio avec la musique que j’avais envie de diffuser pour la Coloc à Son, des extraits de films, des pépites, des titres. J’ai ajouté une dimension locale en mettant en avant des artistes de la région. Cela me semblait important. Elle est accessible via un lien internet à disposition des co-locataires. Je la mets à jour en continu. Dans le cadre de mon travail, j’écoute énormément de musique. J’ajoute des morceaux tous les jours, des morceaux que j’ai eu plaisir à écouter et que je veux mettre en avant. L’architecture est celle d’une radio classique… sans la pub.
Un directeur artistique de l’agence dans laquelle je travaille a créé le Vinyl Truck, le plus petit disquaire du monde. Nous nous sommes mis d’accord pour une livraison trimestrielle de vinyles avec des projets qui nous plaisent à tous les deux. La Coloc à Son bénéficie aussi d’un abonnement Spotify.
J’ai imaginé tous ces services en référence à mon quotidien, autour de ce que je fais et de ce que j’aime.
Et cela ne s’arrête pas là. Il y a des services que je veux co-construire avec les colocataires, les faire évoluer. J’aimerais, d’ici quelques mois, faire jouer des artistes régionaux dans le salon. Visuellement le lieu s’y prête et je connais plein de groupes dans la région. J’aimerais développer des partenariats avec les salles de spectacle de la région, avec les festivals quand la période le permettra de nouveau. J’ai plein d’idées que je voudrais développer avec les colocataires.
Les premiers co-locataires… un pari
COOLOC : Aujourd’hui, qui sont vos colocataires ?
Aude Stochmal : Je n’ai mis l’annonce que mi-août. De plus, en raison des travaux, je ne pouvais pas faire visiter l’appartement. Les colocataires devaient me faire confiance. J’ai cependant reçu des profils variés : étudiants, intermittents du spectacle, musiciens. J’ai même eu la demande d’un professeur qui voulait apprendre le piano. Il avait vu qu’il y en avait un dans la colocation et voulait en profiter.
Pour cette première année, je n’avais pas le droit à l’erreur. J’ai donc sélectionné une équipe déjà constituée afin que l’appartement soit occupé début septembre.
Il s’agit de quatre garçons d’environ 23 ans, qui sont amis et font la même école d’ingénieurs. Ils adorent la musique et le concept de la Coloc à Son. Deux d’entre eux produisent même leur musique, en amateur.
Ils m’ont écrit une lettre de motivation, ils étaient très aimables dans les discussions… Nous avons longuement échangé. Je voulais des gens qui apprécient ce que je leur mets à disposition. Et eux me semblaient les plus à même d’être heureux dans la colocation et les plus respectueux aussi de ce que je propose.
Musiciens… ou pas
COOLOC : la passion pour la musique, un incontournable pour vivre dans la Coloc à Son ?
Aude Stochmal : Être musicien n’est pas un critère fondamental. Bien au contraire, j’ai essayé de faire un lieu qui ne soit ni excluant, ni segmentant.
J’ai reçu des profils de non musiciens et j’en étais heureuse. Je conçois la colocation comme un lieu qui permet aux gens de tester des choses. Ils peuvent peut-être se découvrir une passion pour l’écriture ou pour le chant. Ils doivent se sentir le droit, au contact des autres locataires, de tester et d’oser des choses. L’important est que les colocataires profitent de ce qu’ils ont à disposition. Je serais contente aussi de leur donner deux ou trois bons plans pour voir des concerts dans la région, qu’on échange sur des artistes entendus sur la webradio, qu’ils me partagent leurs playlists sur Spotify. Je voudrais de l’échange et des discussions.
Se connecter aux autres
COOLOC : « La musique est l’art le plus direct pour permettre de faire le lien entre les gens » disait DJ Kezako. Êtes-vous d’accord ?
Aude Stochmal : Complètement. Personnellement, je suis accroc au live. Je pense que c’est en faisant l’expérience du live que j’arrive le plus à partager, à vivre des choses avec les gens. Dans les festivals par exemple, on rencontre énormément de monde, des spectateurs, des artistes et on partage une expérience. Cela me manque énormément aujourd’hui.
Quand j’écoute de la musique, je ne mens pas. J’ai des réactions physiologiques instantanées. C’est le seul art qui me donne la chair de poule. La musique, c’est ce qui me permet de me connecter aux autres. Parfois, quand on n’a pas les mots, il suffit d’envoyer quelques titres, quelques artistes et cela permet de se faire comprendre.
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Crédit photo : la Coloc à Son