Crèche intergénérationnelle : la rencontre de Tom & Josette

Témoignages
Tom et Josette à Rennes

La crèche intergénérationnelle pour recréer du lien entre les générations, c’est la mission que s’est fixée Tom & Josette.

Tom & Josette est le premier réseau de micro-crèches intergénérationnelles en France. Son idée part d’un constat simple. En France, « les générations sont cloisonnées » explique sa co-fondatrice, Astrid Parmentier. Et pour y remédier, Tom & Josette installe des crèches intergénérationnelles au cœur des EHPAD et des résidences seniors.

 

La crèche intergénérationnelle : un bénéfice pour toute la société

COOLOC : Pourquoi créer des micro-crèches intergénérationnelles ?

Astrid Parmentier : Aujourd’hui nous avons des maisons pour les personnes âgées, des lieux spécifiques pour les enfants. Nous ne nous croisons plus de façon spontanée comme cela était le cas auparavant. Or, avec Pauline et Isabelle, mes deux associées co-fondatrices de Tom & Josette, il nous semble important que la société bénéficie des bienfaits de la transmission entre les personnes âgées et les enfants. Car l’enfant a autant à recevoir de la personne âgée que la personne âgée de l’enfant.

 

La transmission au cœur des crèches intergénérationnelles

Astrid Parmentier : L’idée derrière la crèche intergénérationnelle est de créer des liens entre les générations, pour répondre aux besoins de chacun. Par exemple, l’une des phrases que les enfants de moins de 3 ans entendent le plus, c’est « dépêche-toi ». Cela ne veut rien dire pour un enfant, cette idée d’aller vite. Le parent de son côté est angoissé. Son enfant n’est pas propre alors qu’il va rentrer à l’école. Ou alors, il ne marche pas encore contrairement au fils de ses copains.

La personne âgée, en revanche a un rapport au temps apaisé. Elle n’a aucune attente. Elle sait que l’enfant finira par marcher et par devenir propre. Ce calme est bénéfique pour l’éveil des enfants.

Il y aussi une démarche de transmission. Les personnes âgées ont eu des vies incroyables et peuvent apporter plein de choses aux enfants. C’est, par exemple, une ancienne institutrice qui anime l’atelier conte, car c’est une lectrice incroyable, avec toute son expérience et ses qualités. Mais l’activité est presque une excuse. La vraie finalité, c’est le lien et la rencontre entre générations.

 

Les crèches intergénérationnelles pour lutter contre l’isolement des personnes âgées

COOLOC : Pourquoi et pour qui est-ce si important aujourd’hui cette création de liens entre les générations ?

Astrid Parmentier : On rassemble les personnes âgées en maison de retraite. Elles sont en rupture sociale et ont le sentiment d’être inutiles. Il n’a jamais autant été question de l’isolement des anciens que pendant le confinement. Il y a eu une prise de conscience générale : des personnes âgées meurent d’isolement. A la fin du confinement, de nouveaux partenaires sont venus nous voir pour comprendre comment travailler ensemble, tout en respectant un cadre sanitaire strict.

Au contraire, le simple fait de rentrer dans une démarche de transmission redonne du sens à la vie. En passant du temps avec un être plus vulnérable qu’elle, la personne âgée retrouve certaines capacités motrices, cognitives et surtout un sentiment d’utilité. Par exemple, si l’enfant fait tomber quelque chose, la personne âgée va se baisser pour le ramasser. Elle effectue naturellement un mouvement qu’elle n’aurait peut-être pas eu envie de faire en atelier ou avec un kiné. Là, elle sent que l’enfant a besoin d’elle.  Recréer du lien avec les tout petits, c’est redonner du sens à la vie.

 

Comment sont accueillies les crèches intergénérationnelles ?

COOLOC : Comment sont accueillis ces projets de micro-crèches ?

Astrid Parmentier : Au début, nous avons voulu répondre au problème du manque de places en crèches. Les parents s’intéresseraient-ils pour autant au projet intergénérationnel ? Nous en étions moins sûres.  Or nous nous sommes rendues compte que tous les parents inscrits sont fans de cet échange entre générations. Ils nous expliquent que leurs enfants ne voient jamais leurs grands-parents et c’est l’occasion d’avoir des moments de transmission avec des personnes âgées.

Par ailleurs, les infrastructures d’accueil sont exceptionnelles. Les EHPAD et les résidences pour personnes du troisième âge ont un grand jardin. La cuisine est faite sur place. Les normes de sécurité sont bien plus lourdes en EHPAD qu’en crèche. Donc c’est assez facile pour une crèche de s’y implanter. Et l’on est sûr qu’elle ne se réduit pas à un petit local hyper sécurisé en centre-ville. Au contraire, l’enfant, chaque matin, entre dans un grand écosystème et un lieu de partage avec un très beau cadre.

Les EHPAD, de leur côté, reçoivent beaucoup de propositions hyper technologiques : intelligence artificielle adaptée aux personnes âgées, robots connectés… En revanche, ils reçoivent peu de propositions simples de création de liens. Tous les directeurs que nous avons sollicités sont partants. Beaucoup nous disent qu’ils ont déjà essayé de mettre en place des ateliers avec les écoles, souvent sans succès. Mais ils savent combien la présence d’enfants est bénéfique pour les pensionnaires. Cela redonne de la vie.

 

La rencontre de Tom & Josette

COOLOC : Comment se sont rencontrés Tom et Josette ?

Astrid Parmentier : Tom, c’est le petit frère de mon associée Pauline. Josette était la grande amie de ma grand-mère en EHPAD. Le nom nous plaisait et nous l’avons gardé.

Crèche intergénérationnelle : Pauline, Isabelle et Astrid, les cofondatrices du réseau Tom & Josette
Isabelle Pélissié du Rausas, Pauline Faivre, Astrid Parmentier les trois co-fondatrices de Tom&Josette

COOLOC : Et comment est venue l’idée de la rencontre entre Tom et Josette ?

Astrid Parmentier : Nous nous sommes rencontrées avec mes associées Pauline – qui est psychologue – et Isabelle lors d’un master d’entrepreneuriat à HEC. L’avantage de ce master est qu’il permet de faire se rencontrer des profils très variés, avec des études complémentaires. Nous nous sommes trouvées toutes les trois avec l’envie de créer une entreprise pour répondre à des enjeux de société, durable, avec un véritable impact social et qui créerait des emplois.

Personnellement, je voulais monter un projet dans la petite enfance, parce que j’adore les tout-petits. Je me disais que si je devais monter une entreprise, ce serait dans ce secteur. Lorsque j’en parlais avec de jeunes parents, je me suis vite rendue compte que leur premier problème, c’est de trouver une place en crèche. J’ai proposé aux filles de créer des crèches. La question ensuite était de savoir comment nous différencier et apporter quelque chose à la société. Grâce à nos histoires personnelles, et notamment celles de nos grands-parents qui ont vécu en EHPAD, l’idée de crèche intergénérationnelle s’est imposée très vite.

Il existe quelques initiatives en France. Nous nous inspirons de ce qui fonctionne le mieux. Mais il n’existe pas de réseau spécialisé dans l’intergénérationnel. Or il s’agit d’une véritable expertise. Nous manquons, en France, de recherches sur les bienfaits de la transmission entre générations.

 

Une première ouverture en 2020 et de nombreux projets

Astrid Parmentier : Notre première crèche intergénérationnelle ouvrira à Rennes le 20 octobre 2020. L’équipe est en place, le chantier est en cours. Une autre suivra rapidement dans la région de Bordeaux. Et nous travaillons avec nos partenaires sur une quinzaine de projets dans toute la France.

 

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Crédit photo : Tom & Josette