Co-living : le pari des investisseurs
Selon les investisseurs, le co-living est la solution d’avenir du logement. En témoigne les succès de la start up française Colonies, spécialiste du co-living. Elle vient de lever auprès des investisseurs 11 millions d’euros.
Dans la foulée, elle a remporté trois appels à projets, l’un à Saint-Germain-en-Laye, deux autres à Paris dans le 15e arrondissement à Cambronne et dans le 18e arrondissement à Clignancourt.
Le co-living pour répondre à la crise du logement
Il n’est pas très étonnant que des acteurs comme Colonies ou comme Sharies, apparaissent comme la solution au problème de logement dans les grandes villes.
Pour un tarif légèrement supérieur au prix d’un studio, ils proposent une chambre dotée de tout le confort moderne, des espaces de vie partagés (salon, cuisine…). Toutes les charges sont comprises dans le loyer : électricité, chauffage, internet, mais aussi ménage, voire abonnements Netflix et Spotify.
Un autre avantage du co-living est la fluidité du processus. Oubliez les rendez-vous avec les agences, la constitution d’un dossier et vos fiches de paie. Tout le processus se fait en ligne, y compris la signature du bail.
Si votre situation convient et qu’il reste de la place dans la maison choisie, vous pouvez emménager sans tarder. Autrement, il ne vous reste qu’à vous inscrire en liste d’attente.
Le co-living séduit les investisseurs
Les investisseurs sont persuadés du potentiel du co-living. Selon Benoist Grossmann, Managing Partner d’Idinvest, l’un des fonds d’investissement auprès duquel Colonies a levé une partie des 11 millions d’euros, « le service proposé par Colonies va jouer un rôle-clé dans les villes de demain. Le logement urbain est au cœur des préoccupations des jeunes actifs, des expatriés, des cadres en mobilité professionnelle, des étudiants etc. Le concept répond à l’évolution du mode de vie au sein des métropoles et au manque criant d’offres adaptées. »
Pour Kevin Cardona, directeur de l’innovation chez BNP Paribas Real Estate, “le coliving s’adresse à toutes les personnes qui sont en transition dans leur vie. Le coliving touche des gens de tous âges. Ce n’est pas une niche mais une vraie tendance sociétale qui vise à fluidifier l’accès au logement et à recréer de l’interaction en ville.”
Une analyse enthousiaste … mais surtout un concept très rentable qui charme les fonds d’investissements.
En effet, les start up de co-living affirment avoir des listes d’attente pour chaque chambre qui se libère. L’accès au logement dans les grandes villes à des prix raisonnables lui permet de séduire un public nombreux :
- étudiants,
- jeunes actifs,
- professionnels en mobilité,
- citadins nouvellement installés ou qui cherchent une solution transitoire suite à une rupture,
- sans oublier tous ceux qui veulent briser la solitude propre aux grandes villes et n’ont pas le temps de chercher une co-location classique.
A la recherche de l’esprit communautaire…
Un seul aspect reste cependant en suspens. Toutes les start up de co-living axent leur discours sur la vie en communauté, l’échange, le partage, le vivre ensemble.
Dans les faits, la situation est peut-être moins idyllique. En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis les témoignages sur les immenses espaces de co-living, où l’on se côtoie sans échanger, se multiplient. Ils séduisent les personnes ayant besoin d’un espace de co-working incluant le logement. Mais l’esprit communautaire tant vanté est-il au rendez-vous ? Certains témoignages sur les grands espaces de co-working et co-living de type WeLive aux Etats-Unis ou Old Oak à Londres semblent affirmer le contraire.
Pour nombre de résidents, en effet, le co-living est surtout une prolongation du co-working qui permet de profiter d’un espace de travail et de toutes les commodités en évitant de perdre trop de temps dans les trajets. La dimension pratique est donc primordiale. La dimension humaine secondaire.
L’humain au cœur du projet
D’autres opérateurs, comme La Casa, au contraire, la mette au premier plan. La Casa organise ses colocations en fonction des affinités de chacun. Les colocataires décident ensemble des candidats qui rejoignent les différentes colocations, en fonction de leur goûts ou de leur personnalité.
Autre exemple, les Hacker Houses rassemblent des colocataires qui sont également des collaborateurs. Ils se rassemblent en fonction des projets professionnels dans lesquels ils souhaitent s’investir.
Le côté chaleureux et humain du co-living semble donc plus un argument marketing mis en avant par des opérateurs pour séduire investisseurs et résidents.
Mais le modèle est rentable et répond à des besoins réels. Permet-il pour autant une expérience enrichissante du vivre ensemble ? La réponse est moins sûre.
Pour qui veut d’abord une expérience de partage et d’échanges, la solution ne se trouve pas dans le co-living. Mieux vaut miser dans la recherche de co-locataires et d’un projet de vie autour d’une co-location. Une tendance tellement enrichissante humainement.
Pour tout savoir sur les tendances de la co-location, consultez la rubrique “Logement” du blog de COOLOC. Et inscrivez-vous à la newsletter pour ne rater aucun article !
Crédit photo : Samuel McGinity