De quoi le coliving est-il le nom ?
Le coliving, tout le monde en parle, mais personne ne donne la même définition. Inconnu il y a quelques années, le coliving est pourtant aujourd’hui au cœur de multiples projets immobiliers.
De la Casa, un co-living qui loge les gens par affinités à la SuperNana House qui accueille des entrepreneuses en passant par les Hackers Houses, les formes de co-living se multiplient…mais ne se ressemblent pas.
Co-living : de quoi parle-t-on exactement ?
Comment définir le coliving ?
Selon Bothell et Tummers, le coliving désigne un habitat où vivent au moins trois personnes qui n’ont aucun lien de parenté. George Green, dans “The Logistics of Harmonious Co-living”, indique que le “co-” exprime l’idée de collaboratif, commun et collectif. Un seul label mais qui permet d’imaginer de multiples activités et des services très différents.
Comme le souligne Gui Perdrix, un entrepreneur à l’origine de plusieurs espaces de co-living temporaires, on peut tout d’abord définir ce que le coliving n’est pas :
- une famille, même très étendue, dont tous les membres vivent ensemble n’est pas du coliving ;
- l’habitat partagé où chaque famille a son propre appartement ou les résidences d’espaces communs ;
- enfin, le co-living est librement choisi. Malgré la proximité, ni les prisons, ni les casernes militaires ni, les hôpitaux ne peuvent être assimilées à du co-living. Et ce, en dépit de la nécessité de partager une grande partie de son intimité et de la promiscuité.
Le co-living est donc votre résidence principale. Vous y recevez votre courrier administratif, vos factures (enfin celles qui ne sont pas encore électroniques), etc. Vous y êtes d’ailleurs pour du long terme, contrairement aux guest houses, auberges de jeunesse et autres types d’hébergement temporaires. Ces derniers mettent en avant leur communauté et les échanges entre résidents. Mais la plupart du temps, les résidents n’y restent que quelques jours.
En revanche, des formes de logements peuvent être assimilées à du co-living, estime Gui Perdrix, même si elles ne se définissent pas comme telles : les communautés spirituelles par exemple !
Un concept en vogue
Quoiqu’il en soit, le concept connait aujourd’hui un engouement phénoménal. Entre mai 2017 et janvier 2019, note Gui Perdrix, les requêtes sur Google concernant le coliving ont augmenté de 400 %.
Côté business, tout le monde se lance : en premier lieu, les start up que rejoignent aujourd’hui de gros opérateurs qui ont flairé le filon. VINCI est en train de créer une nouvelle filiale, Bikube, qui proposera des résidences mêlant des appartements privatifs (du T1 au T3 meublés) et des espaces partagés (cuisine, salle à manger) à chaque étage, un lieu de rencontre sur le toit, un café au rez-de-chaussée ouvert sur l’extérieur ainsi que des endroits pour travailler. BNP Paribas Real Estate est en train de mettre en œuvre son projet 17 & CO, Porte de Saint-Ouen : un « lieu de destination, de séjour, de travail et de loisir, vivant jour et nuit ». Concrètement, il s’agit d’un immeuble de 31 mètres et 4 000 m² d’appartements en colocation, d’un hôtel, d’une auberge de jeunesse et d’espaces de coworking.
Le concept n’a pourtant rien de neuf. Les pensions de famille – qui ont inspiré la littérature, souvenez-vous de la Pension Vauquer dans le Père Goriot– c’était déjà du coliving. Les pensionnaires louaient une chambre et partageaient les repas et les soirées tous ensemble.
Et aujourd’hui, comme hier, on habite en co-living au départ pour des raisons essentiellement financières. Les nouveaux arrivants dans une ville cherchent à se loger sans dépenser des fortunes. Est-ce un hasard si Londres – connu pour ses loyers astronomiques – accueille le plus grand co-living d’Europe?
Raisons économiques, mais aussi raisons sociales. Le coliving sert à rencontrer des gens. Et c’est d’ailleurs un argument mis en avant par les promoteurs du co-living. « Le coliving est une solution clé en main qui permet de recréer du lien social, à mi-chemin entre l’hôtellerie et le logement », explique Dominique Esnault, directrice générale de Quartus Coliving. Sa première résidence de 128 logements ouvrira à Bordeaux début 2021, sous la marque Livinghomes.
Coliving ou coworking ?
On associe souvent co-living avec entrepreneurs, free-lance, start-up. Là encore, rien de bien étonnant. Nombre de structures de co-living accueillent également des espaces de co-working. Certains n’hésitent pas à définir le co-living comme du co-working à la maison.
Et en effet, ces actifs de la génération Y n’ont aucun mal à opter pour le co-living. Ils ont tout à portée de main : espace de travail, logement, échanges et synergies avec les autres habitants.
Flatmates, trois tours de 11, 13 et 17 étages, sert de campus aux jeunes entrepreneurs de la Station F. Les Hackers houses en France logent des indépendants et des entrepreneurs. Un moyen de favoriser les synergies entre projets innovants et d’accroître son réseau professionnel à travers les évènements organisés par les espaces de coliving.
L’entreprise WeWork, connu pour ses espaces de coworking, développe à Washington et San Francisco des concepts d’immeubles de coworking dotés également de micro-appartements et d’espaces communs pour les habitants baptisés WeLive. Le ménage, l’entretien, voire les courses, sont réalisés par le personnel. Les habitants peuvent se concentrer sur leur travail. Même les pauses sont prévues : cours de yoga, life coaching ou tournois de ping pong sont organisés.
Co-living, une forme d’hôtellerie high tech ?
Des applications permettent de louer une chambre dans un co-living. Le logement est déjà meublé et le ménage est pris en charge, voire le frigo rempli : vous pouvez vous concentrer sur votre travail. Est-ce que finalement, le co-living n’est pas une forme high tech de l’hôtellerie ? Le co-living comme le co-working apportent des solutions valides à de nouveaux besoins professionnels. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la plupart des co-living proposent également des espaces de coworking.
Un article de City Metric mettait récemment en doute l’esprit communautaire dont se revendiquent les entreprises de co-living. A partir du moment où vous n’avez plus besoin de décider qui fait le ménage ou la vaisselle, difficile de dire qu’on vit ensemble, qu’on est colocataires. Le co-living se situerait davantage entre l’open-space appliqué au logement et une manière particulièrement égoïste de vivre sa vie. Toutes les tâches désagréables à faire chez soi (ménage, courses…) pouvant être prises en charge par un personnel dédié. On vit peut-être ensemble, mais en se croisant dans les espaces communs. On n’est pas obligé d’avoir des interactions sur la tenue de l’appartement ou l’organisation. Tout peut être sous-traité. Même si l’on veut recevoir des amis, pas besoin d’avertir ses co-locataires. Des espaces communs peuvent être réservés à cet effet.
Co-living vs co-location
Certes, le co-living implique des espaces communs. Mais se croiser de temps en temps dans le salon commun, en dînant sur le pouce dans la cuisine partagée, ou au cours de yoga, est-ce la meilleure façon de créer du lien social ?
C’est peut-être toute la différence entre co-living et co-location. Le co-living est une réponse marketée à des besoins précis. La colocation, elle, est un projet de vie. Elle répond à une envie de vivre ensemble, de partager des repas, des espaces, du temps. Ce qui suppose aussi de pouvoir se choisir et se rencontrer AVANT d’emménager et de décider ensemble de la vie et de l’ambiance de la co-location. C’est au final, ce qui rend chaque colocation unique.
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Crédit photo : Samuel McGinity