Collab house : lorsque les influenceurs vivent en colocation

Bons plans
Influenceurs en colocation : une démultiplication de la créativité ?

Les colocations d’influenceurs ou « collab houses » font fureur. Le principe ? Faire emménager ensemble plusieurs influenceurs pour quelques jours, semaines voire plusieurs mois. L’objectif ? Créer, ensemble et/ou séparément, du contenu viral pour les réseaux sociaux, notamment les réseaux impliquant des vidéos. On pense à Youtube et Instagram, mais surtout à Tik Tok, le réseau social qui fait fureur auprès des adolescents.

 

Les collab house, un phénomène en expansion

Le principe de Tik Tok : publier des vidéos – chorégraphies, mises en scène humoristiques, défis, tours de magie – en format court – une minute en général – filmées via mobile. Les adolescents en sont fans. L’appli a été téléchargée 700 millions de fois en 2019, dépassant Facebook.

Comme sur tous les réseaux sociaux, même récents comme Tik Tok, des influenceurs font parler d’eux. Les influenceurs rassemblent une communauté de plusieurs milliers de followers qui aiment et commentent leurs vidéos.

L’idée de rassembler une partie de ces nouvelles stars du net est donc venue assez rapidement. Elle se concrétise sous la forme « collab houses » qui se multiplient notamment aux Etats-Unis. La plus célèbre, la« Hype House » a vu le jour en décembre 2019 à Los Angeles. Elle rassemble une vingtaine de Tik Tokers. Chacun compte une communauté de plusieurs milliers d’abonnés. Les jeunes talents peuvent s’y installer plus ou moins longtemps. Les mineurs peuvent certes être loin de leur famille. Mais la Hype House veut proposer un environnement sûr – ce qui est appréciable – à Los Angeles. Il n’y a ni alcool ni drogue en circulation. Elle est par ailleurs équipée de studios pour faire des chorégraphies seul ou à plusieurs.

L’environnement est pensé pour être productif. Tik Tok est un réseau exigeant. Il faut poster quotidiennement, au risque sinon de perdre sa communauté. Loin de se sentir en vacances, les influenceurs en colocation passent donc leur temps à travailler.

 

Un phénomène renforcé par la crise sanitaire

Avec le confinement, le phénomène de la colocation d’influenceurs a pris davantage d’importance. Et a encouragé la production de contenu. Confinés loin de leur famille, les influenceurs de la Hype House n’avaient d’autre choix que de produire du contenu de qualité. Ou du moins, qui plaise à leur communauté et au-delà.

En effet, le confinement a encouragé des millions d’utilisateurs à passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. D’où une exigence de contenu sans cesse renouvelé.

 

La colocation entre influenceurs, un modèle qui s’exporte

Le phénomène a également atteint la France. A Paris, un collectif d’influenceurs a lancé une « collab house » au mois de mai. Elle a accueilli le temps d’un week end, un collectif d’influenceurs pour lancer défis et chorégraphies virales filmées. Ce n’est qu’un début explique l’agent du collectif Imhotep Olympio, 18 ans. « En fonction des retombées, on décidera de s’installer tous ensemble à la rentrée ».

 

La colocation entre créateurs, une tradition connue en France

« Collab House », « Hype house » et autre ne sont pas sans rappeler des expériences précédentes, et qui perdurent dans le temps. La « Redbox » à Angers accueille depuis quelques années des youtubeurs. Ces derniers paient un loyer pour profiter des studios conçus spécialement pour tourner leurs vidéos.

Dans un autre genre, les « hackers house » rassemblent free lance et entrepreneurs en coliving. Une manière de concilier innovation et échange d’idées au quotidien. On se rappelle aussi de la Supernanahouse, une colocation d’entrepreneuses entre 2017 et 2018. L’idée est de rassembler des talents et des compétences et de construire des synergies.

 

Un concept courant dans le monde de l’art

Le concept de la colocation entre influenceurs ou créateurs n’est pas sans rappeler les squats d’artistes. A Paris, le 59 Rivoli qui est aujourd’hui un espace accueillant plus de 30 artistes en résidence, était au départ un squat sauvage.

« Le 1er novembre 1999, Gaspard Delanoë, Kalex, et Bruno Dumont forcent la porte d’entrée du 59 rue de Rivoli à Paris, gigantesque bâtiment haussmannien laissé à l’abandon pendant huit ans par le Crédit Lyonnais et les pouvoirs publics. » rappelle le site du 59 Rivoli. En quelques jours, une dizaine d’artistes viennent y vivre, y installent leur atelier et accueillent le public. Plus de 40 000 visiteurs y passeront dès la première année d’ouverture. Après de nombreux déboires, une convention est finalement signée entre les squatteurs du 59 et la mairie de Paris. Une première qui ouvre la voie à l’institutionnalisation de nombreux autres lieux de création artistique.

Avec plusieurs dizaines de milliers de visiteurs chaque année, le 59 est aujourd’hui l’un des principaux centres parisiens de diffusion de l’art contemporain derrière le Centre Georges-Pompidou et la Galerie Nationale du Jeu de Paume. 

 

Des colocations d’artistes institutionnalisées

Cette première expérience à Paris a ouvert la voie à l’institutionnalisation d’autres lieux de création nés spontanément. Le Jardin Denfert a ainsi vu le jour en décembre dernier, lorsqu’une quarantaine d’artistes ont occupé cet ancien couvent abandonné. Un projet porté notamment par des membres du collectif  à l’origine du 59 Rivoli dont Gérard. « Nous militons contre la bêtise qui consiste à laisser vides d’innombrables bâtiments parisiens durant des années, alors que tant de personnes sont à la rue et que les artistes ne peuvent pas se loger à Paris »explique-t-il.

Une convention d’occupation temporaire a été signée entre le collectif résident dans le Jardin Denfert avec la Mairie de Paris en mars, avant que ne débutent des travaux pour transformer l’ancien couvent en foyer pour jeunes travailleurs. Et le temps de sa durée, expositions, freeshop, espace de réparation de vélo et événements culturels en tout genre rythment la programmation.

Qu’il s’agisse d’influenceurs ou d’artistes, la co-location favorise donc non seulement l’entraide mais aussi la créativité. A l’heure où le président de la République appelle les artistes à se réinventer, la colocation ouvre donc de nouvelles opportunités.

 

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Crédit photo : Mark Fischer