Le commerce local …en pleine renaissance

Vie quotidienne
Commerce local et circuit court

On le donnait pour mort et pourtant le commerce local est en pleine renaissance ! Le phénomène est en cours depuis quelques temps déjà. Et la crise sanitaire actuelle et le confinement ne font que le renforcer !

 

Le recul des grandes surfaces

Déclaré moribond face à la concurrence féroce de la grande distribution, le commerce local malgré tout résiste toujours . Il se développe même en mettant l’accent sur la qualité.

Certes, lorsque le confinement a été déclaré, les consommateurs se sont rendus dans les commerces proches de chez eux. Or rappelle l’Institut Nielsen, « seuls 6% des Français vivent à moins de 5 minutes d’un hypermarché, situés majoritairement en périphérie des villes, contre 28% pour les supermarchés et 32% pour les magasins de proximité ». Ainsi, on trouve en première ligne les commerces de proximité … et les producteurs locaux.

 

Une grande distribution qui s’adapte…

Les supermarchés et les magasins de proximité ont réagi promptement à la crise, assurant l’approvisionnement quotidien des clients. Avec la fermeture des frontières, ils distribuent également les produits locaux, maintenant le commerce local en activité. Les distributeurs donc se sont adaptés.

Certes les prix ont augmenté, environs 30% estime Philippe qui privilégie dans sa cuisine les produits frais. «Les concombres français coûtent ainsi trois fois plus cher que ceux néerlandais. Les fraises tricolores se vendent presque 75% plus cher que leurs voisines espagnoles » rappelle un article du Parisien.

Mais ces mesures prises pour faire face à la crise perdureront-elles au-delà ? « Rien n’est sûr » tempère Vincent Chabault, sociologue et enseignant à l’Université de Paris et à Sciences Po. « Le positionnement sur les prix, les capacités de production et la demande des consommateurs, souvent inadaptée aux saisons, ne permettent pas un tel approvisionnement en période normale »  explique-t-il dans une interview au journal Envie de Ville parue début avril.

 

L’essor des circuits courts

Derrière cette renaissance du commerce local, apparaît la volonté de revenir à des circuits courts, notamment en matière alimentaire. Un phénomène qui n’a pas attendu le coronavirus. Certains réseaux d’entraide existent depuis des années. C’est ce dont témoigne Corinne Morel Darleux dans sa dernière chronique pour le magazine Reporterre. « Dans le Diois, les mécanismes de solidarité se mettent en marche, parce qu’ici on a la chance d’avoir un maillage tissé de longue date, un lien au territoire commun aux acteurs historiques comme aux nouveaux venus, et des producteurs locaux qu’on est bien décidés à garder. »

D’autres réseaux, un peu partout en France se sont structurés avec le temps. C’est le cas des AMAP qui donnent lieu à de véritables contrats entre producteurs et consommateurs.

De véritables aventures entrepreneuriales sont nées de cette volonté de renaissance du commerce local, comme La Ruche qui dit oui. Cette plateforme de mise en relation entre producteurs et clients, créée en 2010 comptait en septembre 2019 plus de 1 500 ruches en Europe, dont 900 en France. Son activité n’a pas diminué avec la crise sanitaire. Elle s’est simplement adaptée. Le retrait des commandes continue, en s’organisant par créneaux pour respecter les règles sanitaires en vigueur.

La renaissance d’un commerce local illustre la volonté des consommateurs de consommer des produits locaux et de saison. Mais elle dévoile également une préoccupation sanitaire. Après les scandales alimentaires de ces dernières années, de plus en plus de clients souhaitent savoir ce qu’ils mettent dans leur assiette. Ce qui explique aussi le retour en force des Français dans leur cuisine, tendance renforcée par le confinement.

 

Des circuits courts renforcés avec le confinement

Comme le note Vincent Chabault, avec le confinement, de nombreux réseaux de commerces locaux se montent à la hâte. Si ceux qui existaient déjà se renforcent, d’autres se sont créés à la hâte pour faire face à la fermeture des restaurants et des restaurants de collectivités. Tous reposent sur les mêmes piliers :

  • réactivité numérique : commande en ligne, système de paiement, carte interactive
  • sens du collectif : ces nouveaux drive regroupent  10 à 20 éleveurs, maraîchers
  • soutien des élus locaux et des chambres d’agriculture.

Concernant les commerces de proximité, la démarche est similaire. La région Occitanie a mis en place une plate-forme gratuite. L’objectif ? Recenser et localiser les producteurs et commerces de proximité qui livrent à domicile, dans le respect des règles sanitaires, bien sûr. La ville de Colombes met à jour une liste de commerçants qui ont la même démarche.

La renaissance du commerce local et de proximité repose donc sur une double évolution. Technologique d’une part, avec l’usage d’internet pour passer commande. Mais aussi locale grâce à la proximité des producteurs et des consommateurs et un mode de distribution qui leur permet de se connaître personnellement.

 

Le commerce local… une renaissance grâce aux technologies

Le commerce local connaît aussi une renaissance au sein des villes. Là encore il ne s’agit pas d’une nouveauté. Le mouvement existe depuis des années, stimulé par la recherche de produits de qualité… et d’humanité dans les relations commerciales.

La renaissance du commerce local est également une préoccupation des pouvoirs publics locaux qui eux aussi mettent en place une communication visant à soutenir le commerce local telle que la campagne « j’veux du local » par la chambre d’agriculture Saône-et-Loire ou « J’aime mon commerce » mis en place par la CCI de Paris.

La renaissance et la réappropriation par les habitants du commerce local reflète en effet une préoccupation majeure des villes : la recherche d’un modèle permettant d’assurer leur autonomie alimentaire. Une question dont citoyens et pouvoirs publics semblent s’emparer avec le même sérieux, le même entrain et qui ouvre une nouvelle ère du vivre ensemble.

 

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Crédit photo : Samuel McGinity