Londres : la colocation … pour devenir soi-même

Témoignages

Vivre à Londres en colocation ? Quoi de plus naturel pour des actifs, souvent jeunes, venus du monde entier en quête d’expériences ou de carrière internationale. Dans le cas de Michael, originaire de Lyon, sa vie à Londres en colocation lui a apporté bien plus. Elle lui a permis de se découvrir lui-même. Une expérience forte qui lui a permis de préparer un livre sur le sujet.

 

Un coup de foudre

COOLOC : Comment vous êtes-vous retrouvé en colocation à Londres ?

Michael : En 2005, je suis parti à Londres à l’aventure. J’étais un backpacker et j’ai d’abord vécu en auberge de jeunesse. J’y ai rencontré des gens dont un Français avec qui je me suis très bien entendu et qui est devenu mon meilleur ami. C’est lui qui a trouvé l’appartement. Nous l’avons visité et nous avons tout de suite adoré l’ambiance et l’endroit.

C’est comme ça qu’ont commencé presque deux années absolument inoubliables. C’est une période à part dans ma vie. Vivre dans cette colocation m’a permis de rencontrer des gens exceptionnels que je n’aurai rencontrés nulle part ailleurs. Londres m’a ouvert l’esprit, m’a fait grandir.

 

L’auberge espagnole de Londres 

COOLOC : Qui vivait en colocation avec vous ?

C’était un très grand appartement, avec des chambres à partager. Nous étions dix-huit, tous assez jeunes, venus de partout : français, siciliens, brésiliens, espagnols…. Et tous, nous étions très contents d’y vivre. On ne pouvait jamais s’ennuyer. Il y avait toujours du monde. La cuisine était très grande et faisait office de salon. Il y avait toujours des échanges, des sorties avec les autres colocs. Ce n’était pas tout à fait l’Auberge Espagnole, puisque nous travaillions tous. Mais l’esprit y était. Cette colocation avait une âme.

C’était très représentatif du Londres des années 2 000 qui attirait le monde entier. Aujourd’hui, la situation est différente, mais à l’époque, nous étions une colocation ouverte sur le monde. D’ailleurs, notre logeur, le landlord, refusait les Anglais. Peut-être par peur, car ceux-ci connaissant les lois, ils auraient pu se rendre compte que tout n’était pas parfaitement légal. Le landlord, un Londonien très sympathique mais un peu magouilleur, les écartait au profit d’autres nationalités.

 

Une aventure humaine forte

COOLOC : Quelle image gardez-vous de cette expérience ?

Michael : Pour tous les colocataires, ça a été une aventure humaine très forte. Même si nous n’échangeons pas régulièrement, nous gardons le contact. C’est une expérience qui nous a tous marqués, qui nous rassemble.

Bien sûr à 18, ce n’est pas facile de s’entendre parfaitement sur tout. Et rapidement, il y a eu deux clans qui se sont formés. L’un festif, animé par l’un des colocataires, un Sicilien, qui adorait inviter des gens, faire la fête, boire des verres… Et qui bien sûr, faisait des pâtes exceptionnelles. Lorsque nous sommes arrivés, tout le monde nous parlait de lui. Le jour où nous l’avons vu pour la première fois, tout le monde s’était rassemblé autour de lui. J’ai vu alors un type pas très grand, plutôt rond, mais doué d’une tchatche et d’un charisme extraordinaire. Mais ce n’était pas le seul.

L’autre clan était formé par des Brésiliennes qui étaient les couche-tôt de la bande. Entre les deux, il y avait parfois des clashes. Et nous, les deux Français, nous n’avions pas choisi de camp, ce qui nous permettait d’aller de l’un à l’autre.

 

L’éducation sentimentale

COOLOC : Comment cette expérience vous a-t-elle marquée personnellement ?

Michael : Il y a eu un avant et après la colocation à Londres. J’ai appris sur moi, je me suis ouvert sur les autres. Chacun d’entre nous, me semble-t-il, a appris sur lui-même. Je me suis rendu compte que nous n’étions pas là par hasard. Nous étions tous parti de chez nous pour Londres, ville du monde, pour vivre une aventure. Et cet appartement, c’était une aventure en soi.

A l’origine, je suis venu à Londres, car j’avais besoin de partir de ma ville natale, mon milieu familial. Mes parents sont commerçants. J’avais toujours travaillé avec eux. Je n’avais pas d’attache, ni de copine. Et j’avais besoin de prendre mon indépendance.

J’ai rencontré mon meilleur ami à Londres. Lui, c’est le type même du beau gosse toulousain.  Il n’a besoin de rien pour attirer des filles, comme Sergio, le Sicilien. Moi, c’est tout le contraire ! Un soir, j’avais ramené une fille qui me plaisait à l’appartement. C’est mon meilleur ami qui a finalement passé la soirée avec elle. J’étais super mal. Nous en avons discuté et lui m’a expliqué qu’il ne cherchait rien avec elle. « Mais c’est l’histoire de ma vie, lui ai-je répondu. Les filles ne viennent jamais vers moi. » Sentimentalement, et même pour séduire, il m’a appris plein de choses.

Ensuite, il a rencontré celle qui allait devenir sa femme à Toulouse. Et j’ai commencé à faire un peu d’introspection. J’ai appris à aller vers les filles et à plaire. Ce que beaucoup de gens vivent à 18-19 ans, en faisant leurs études, je l’ai moins vécu car j’avais déjà fini mes études. Je travaillais énormément. C’était frustrant. C’est à Londres, en colocation que j’ai fait mon éducation sentimentale. J’étais totalement libre. J’étais loin de mes parents, je pouvais faire ce que je voulais.

 

Un moyen de passer à autre chose

COOLOC : Pourquoi avoir choisi Londres ?

Michael : Je suis parti en pensant y passer ma vie. Mon père est anglais et j’ai un rapport particulier avec les Anglais.  Finalement j’y ai passé 1 an et demi, puis je suis retourné à Lyon. Je suis ensuite revenu à Londres pensant m’y installer. Je n’y suis resté que 6 mois avant de revenir en France. En effet, je me suis rendu compte, lors de ce second séjour, que j’avais vécu ce que je devais y vivre et que je pouvais passer à autre chose. Je suis reparti à Paris où j’ai commencé à travailler dans l’audiovisuel et le cinéma qui me passionnent.  A Londres, j’ai fait des rencontres qui ont marqué ma jeunesse. Aujourd’hui, à Paris, je fais d’autres rencontres, au niveau professionnel.

 

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Crédit photo : Banque d’images