Logement : les petites villes ont la cote
Habiter dans les petites villes, le nouveau rêve de logement des Français ? Les deux tiers affirment être prêts à s’installer dans une commune de moins de 2 000 habitants.
Les grandes villes n’attirent plus
Selon ce sondage, 72% des sondés sont séduits par les villes de moins de 20 000 habitants. Et même 68% par une commune en zone rurale. En effet, la ville idéale selon les Français, c’est « un espace de verdure, calme, peu dense, offrant sécurité et services divers ». En raison de ce dernier point, 44% des Français s’imaginent facilement vivre en périphérie d’une grande ville.
Mais certainement pas au centre. La grande ville équivaut, pour 53% des Français, au bruit et à la pollution sonore. 48% citent d’ailleurs la pollution comme l’un des inconvénients majeurs d’une agglomération de plus de 100.000 habitants. Le coût de la vie est également en cause pour 37%. Il est presque à égalité avec la cherté des loyers, cité par 36% d’entre eux.
A ces griefs s’ajoute l’expérience des différents confinements. A la recherche de confort et d’espaces, les urbains se tournent vers les petites villes et les communes rurales. Le volume de recherche de logements a bondi de 21,9% entre 2019 et 2021 indique une étude du site PAP. Le volume de recherche des métropoles en général – villes de plus de 200.000 habitants- a reculé de 23,3%. Au contraire, les villes de 100 000 à 200 000 habitants ont régressé de 16,1%. Celles comptant 50.000 habitants perdent 6,8% sur la même période.
« On voit s’amorcer un exode urbain » déclare Jean-Noël Barrot, député des Yvelines, auteur d’un rapport sur le rebond économique des territoires. Toutes les grandes villes perdent des habitants : Lyon, Toulouse, Marseille et bien sûr Paris.
Paris, la fin d’une histoire d’amour ?
La capitale n’attire plus. Le volume de recherche de logements a baissé de 25,9% entre 2019 et 2021, indique l’étude de PAP. Au contraire, les départs de Paris s’accélèrent de 30% rappelle Jean-Noël Barrot.
Un autre chiffre qui vient confirmer le désamour des Parisiens pour Paris. En septembre 2021, la capitale comptait 6 000 écoliers de moins qu’en 2021, soit 5% des effectifs dans les écoles publiques. Une situation jamais vue qui s’explique par les déménagements des familles parisiennes attirés par davantage d’espace et une meilleure qualité de vie.
Serait-ce une question de génération ? D’une manière générale, 4 Français sur 5 déclarent ne pas être attirés par l’agglomération parisienne. Mais 42% des moins de 35 ans sont prêt à s’y installer. Seulement 12% des plus de 50 ans sont prêts à les suivre.
En effet, les grandes villes offrent une diversité d’activités culturelles estiment 42% des Français. 28% des Français les apprécient pour des raisons professionnelles et la présence de grandes entreprises. Enfin, 18% apprécient la proximité et la facilité à nouer des relations sociales au sein des métropoles.
A la recherche d’une meilleure qualité de vie
Pourtant, cela ne détourne pas les urbains de leur désir de vivre ailleurs à la recherche d’une meilleure qualité de vie. La tendance ne fait que se confirmer. Bien sûr, les confinements sont passés par là et le besoin d’espace est sensible. La recherche de maisons individuelles a bondi. En septembre 2021, 63% des recherches concernaient les maisons contre 37% les appartements note le site PAP.
Dans son étude sur l’attrait des petites villes datant de 2019, le géographe et professeur d’aménagement Jean-Charles Edouard remarquait que le cadre de vie était déterminant dans le choix des petites villes. « Les motifs d’installation des populations dans les petites villes, le cadre de vie … représentent près de 30 % des réponses et la question des attaches (« proximité familiale», « lieu d’enfance ») près de 20 %. On est bien là encore dans le registre de la qualité de vie et donc de l’attrait qui motive près d’une installation sur deux, plus que le bassin économique.»
Ainsi, « Les petites villes sont… souvent décrites comme des « villes où il fait bon vivre », des « villes à taille humaine» et les acteurs locaux soulignent les aménités locales telles que le cadre de vie, la proximité avec la nature et la campagne ainsi que les relations sociales présentées comme fortes pour mettre en place des politiques de développement et de marketing destinées à attirer nouveaux habitants » explique la géographe Hélène Mainet.
L’exemple des petites villes d’Auvergne, étudiées par Jean-Charles Edouard est révélateur d’un changement de mentalité. Pendant des décennies, les élus locaux ont cherché à limiter leur déclin en misant sur l’activité économique, l’emploi, le maintien d’industries en déshérence. Au contraire, les nouveaux habitants sont moins à la recherche d’un centre d’activités que d’un cadre de vie à taille humaine. Leurs aspirations deviennent plus personnelles qu’uniquement professionnelles.
Le soutien des pouvoirs publics
Les pouvoirs publics suivent, voire ont anticipé cette recherche de qualité de vie. Dès 2017, le ministère de la cohésion des territoires lançait plan Action Cœur de Ville pour soutenir leur dynamisme économique, patrimonial, culturel et social à travers la réhabilitation des centre-ville, en améliorant le logement, l’activité commerciale. Les 234 villes participantes sont décisionnaires des actions à entreprendre, l’Etat jouant un rôle de soutien et de facilitateur. Le succès est tel que le plan est prolongé afin de renforcer l’attractivité des villes petites et moyennes.
Cet attrait des petites villes, au détriment des grandes villes pourrait progressivement redessiner le territoire. Davantage de petits centres, des activités moins centralisées et une répartition de la population plus équilibrée permettrait de redistribuer l’activité économique. « Il existe dans notre pays un élan puissant en direction des villes moyennes » remarque Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Et tout porte à croire que cet élan n’est pas prêt de s’essouffler.
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Crédit photo : Samuel McGinity
