Co-location : qui sont les nouveaux adeptes du partage de logement ?

Logement
Co-location : qui sont les nouveaux adeptes du partage de logement ?

La co-location a cessé d’être une affaire de jeunes ! Jeunes retraités, familles monoparentales et seniors sont de plus en plus présents sur un marché jusque-là occupé principalement par les étudiants et les jeunes actifs.

De nouveaux profils sur le marché de la co-location

Si les jeunes actifs et les étudiants sont majoritaires sur le marché de la colocation, le profil des colocataires évolue. Près de la moitié des nouveaux colocataires ont fait ce choix suite à une rupture dans leur vie, soit par refus de la solitude, soit pour se faciliter la vie.

  • Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses à recourir à la co-location. Près de 10% des familles monoparentales vit avec d’autres personnes, en plus de leurs enfants (contre 3% pour les couples) selon l’INSEE. La crise de 2008 a fait émerger de nouvelles opportunités. Les mères célibataires, qui représentent 80% des familles monoparentales, ne sont pas bien vues des bailleurs. Un rapport du Défenseur des Droits estime que 24% d’entres elles ont eu des difficultés à trouver un logement en raison de leur situation. “Mon dossier était systématiquement refusé” confirme Alix, 42 ans, mère de deux filles. Elle a fini par emménager avec l’une de ses amies, mère célibataire également. La co-location n’offre que des avantages à ce nouveau public, surtout si on partage un appartement avec une autre famille monoparentale. Encore faut-il que les propriétaires soient d’accord. Un récent sondage montre qu’ils ne sont que 6% à accepter une co-location avec enfants. Les demandes de co-locations de famille monoparentales sont largement plus nombreuses que les offres au point que des sites spécifiques ont vu le jour depuis quelques années.
  • Les couples sont de plus en plus nombreux à souhaiter partager un logement avec d’autres. Mais là encore, les propriétaires sont réticents : 16% d’entre eux les acceptent, craignant que deux personnes s’isolent au détriment de l’ambiance conviviale.
  • Les quadragénaires célibataires sont également attirés par la colocation, pour des raisons différentes cependant, explique le sociologue Michel Fizes, auteur de L’Individualisme démocratique. “Ce mode de vie est aussi une bonne alternative lors d’une séparation ou d’un divorce. Beaucoup ne sont pas prêts à se relancer dans une relation amoureuse mais, pour autant, ils ne souhaitent pas être seuls. On vit dans une société qui a peur de l’engagement, où les individus sont déliés les uns des autres. Avec la colocation, chacun peut quitter le logement lorsqu’il le décide. Cela correspond à nos mœurs, « ensemble en étant libre » ». Ce ne sont d’ailleurs pas des adeptes des grandes colocations qui plaisent aux étudiants : “ils cherchent une pièce individuelle à louer chez quelqu’un et préfèrent avoir un seul colocataire.”  Mais le pas est parfois difficile à franchir par crainte du regard des autres : “à 40 ans, en principe, on est marié ou célibataire, pas en colocation. On se dit qu’il s’agit de personnes immatures, qui ont échoué en couple ou en gagnant mal leur vie. Ils ont l’image d’adultes imparfaits.”
  • Les seniors sautent le pas. Pour eux aussi, les raisons sont avant tout financières et pratiques. D’après des études récentes, 600 000 personnes en France survivent grâce aux ASPA (Allocations de Solidarité aux Personnes âgées), soit un revenu de 625€ net : elles ne peuvent assumer seuls le coût d’un logement individuel. De plus, nombre de seniors n’ont ni l’envie, ni les moyens de se retrouver en maison de retraite. La co-location permet d’alléger les charges du logement. Et c’est aussi un moyen de lutter contre la solitude et l’isolement lorsque les enfants et petits-enfants habitent loin.

Partage de logement : les modèles émergents

Deux formes de co-location émergent très nettement.

  • La co-location entre seniors : ils ont plus ou moins le même âge, sont en couple ou seuls et décident de partager le logement et de mutualiser les services à la personne dont ils ont besoin (aide à domicile, ménage, soins…).

Sur le sujet, découvrez également notre article : “Seniors, les bonnes raisons d’opter pour la co-location”.

  • La co-location intergénérationnelle est en plein essor depuis quelques années. La demande vient davantage des étudiants en recherche de logement à loyer modéré. Les seniors sont encore un peu frileux : peur de partager leur intimité, crainte que leur logement soit inadapté… Mais la tendance est là : les annonces et les recherches de co-location intergénérationnelle sont de plus en plus nombreuses. Ainsi, le réseau COSI qui fédère les structures de co-location intergénérationnelle dans toute la France a doublé de taille en cinq ans. En 2016, ses membres ont mis en place plus de 1 100 co-locations.

Sur le sujet, consultez également notre article “Co-location intergénérationnelle : vive le partage et l’entraide”.

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Crédit photo : DR