Les seniors réinventent leur habitat
Oubliez l’image des personnes âgées qui regardent passer le temps assises à côté de la fenêtre. Entre le départ à la retraite et la dépendance liée au grand âge, il s’écoule parfois plusieurs dizaines d’années. Et les seniors entendent bien en profiter sans s’enfermer dans la solitude. Et cela passe par la réinvention de leur mode de vie et de logement.
Eviter la solitude
Quel que soit leur mode de logement, la tendance chez ces seniors qui pensent autrement leur habitat a un point commun : éviter la solitude.
La co-location
La co-location ou l’habitat partagé entre seniors a le vent en poupe. Entre des retraites parfois bien maigres, la peur de la solitude et le refus de peser sur ses enfants, les raisons ne manquent pas pour choisir la co-location.
La très médiatique Maison des Babayagas de Montreuil en est un exemple. Elle rassemble des femmes retraitées, aux faibles revenus mais qui s’engagent toutes à donner 10h par semaine au service de la collectivité. Loin de rester chez elles, elles multiplient les activités et les événements de quartier. Une réponse qui se veut autant pratique que politique au regard stigmatisant que porte la société sur la vieillesse. En effet, cette dernière est souvent appréhendée soit comme un fardeau – la dépendance – soit comme une manne financière, celle de la silver economy ciblant les retraités aisés des Trente Glorieuses
Pour certains seniors, la co-location permet de continuer à vivre dans une maison devenue trop grande pour eux. Des forums dédiés à l’échange de conseils pour réorganiser un corps de ferme ou une maison de campagne en habitat partagé fleurissent sur internet.
Les avantages de la co-location au 3ème âge sont nombreux : mutualisation des dépenses (logement, charges, ménage, mais aussi soins de santé, kiné), partage d’activités avec des personnes ayant une sensibilité commune. La vie en co-location pour les seniors permet d’échapper à la solitude tout en préservant un espace privé. Et elle leur permet aussi de rester actifs et de garder une place dans la société.
L’habitat partagé, version senior
Le Danemark fait figure de leader avec un programme de logements qui valorise les contacts construits par les personnes âgées avec leurs amis au long de leur vie. Des villages entiers sont ainsi construits autour de maisons privées et de grands espaces commun. A Roskilde, par exemple, ce qui était au départ un projet entre amis pour leur retraite s’est transformé en village. 26 maisons privées accueillent 46 personnes. Chacun s’investit dans des activités qui lui conviennent le mieux : prévention auprès des jeunes, promenade des aînés dans les maisons de retraite, fabrication de schnaps maison…
Le modèle existe aussi en France avec les béguinages. Situés originellement dans le nord de la France, ils ont essaimé un peu partout. Il s’agit de résidences individuelles regroupées où les habitants disposent de leur propre logement. Ceux-ci sont regroupés autour d’un espace commun qui favorise les rencontres et les activités en commun. Les appartements les plus récents peuvent être médicalisés. Les résidents les plus âgés peuvent ainsi compter sur la solidarité et la présence de leurs voisins pour éviter la solitude du grand âge. Une alternative appréciable aux maisons de retraite médicalisées !
Une réponse à des impératifs économiques
Les promoteurs et constructeurs ont saisi le filon : les résidences adaptées aux seniors voient le jour un peu partout en France. Or, comme le soulignent les Babayagas, être senior aujourd’hui n’est pas synonyme de confort. Selon une étude de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, 377 000 retraités ont un petit boulot, afin de compléter une retraite qui fond comme neige au soleil. Le choix du mode de logement peut donc aussi répondre à un impératif économique.
La co-location intergénérationnelle
Elle permet de résoudre un double problème : d’une part, le manque de logement pour les étudiants et la solitude des seniors d’autre part…et améliorer leurs fins de mois. Louer une partie de leur appartement permet d’ajouter quelques centaines d’euros à leur retraite. Ce qui est particulièrement appréciable quand à une petite retraite s’ajoute un alourdissement des taxes.
L’accueil familial
Pour les personnes âgées n’ayant pas ou plus de logement, il est toujours possible d’avoir recours à des accueillants familiaux. Très encadrée par la loi, cette pratique permet à des familles agréées par le département d’accueillir une personne âgée contre rémunération. Cette dernière participe en retour à la vie familiale. L’accueil peut être durable ou temporaire. Là encore, il s’agit d’une solution humaine et chaleureuse, permettant d’échapper à la maison de retraite ou à la solitude. Mais comme dans toute cohabitation, les règles doivent être claires pour les deux parties prenantes.
Ni la maison de retraite – inaccessible financièrement à beaucoup de retraités – ni la solitude ne sont donc des fatalités pour les seniors. Les alternatives existent, voire restent à réinventer pour s’adapter aux besoins de chacun. Et vivre avec les autres en fait partie.
Pour tout savoir sur les tendances de la co-location, consultez la rubrique “Vie quotidienne” du blog de COOLOC. Et inscrivez-vous à notre newsletter pour ne rater aucun article !
Crédit photo : D.R.