Un nouveau contrat social par Nicolas Colin

Vie quotidienne
Nicolas Colin The Hedge vers un nouveau contrat social

Un nouveau contrat social. C’est ce qu’appelle de ses vœux Nicolas Colin, dans son nouveau livre Hedge : a greater safety net for the entrepreneurial age. Nicolas Colin est entrepreneur, ingénieur, essayiste et également co-fondateur de la société d’investissement, The Family.

En collaboration avec Henri Verdier, il est l’auteur de L’Âge de la multitude, livre dans lequel il donne des clefs pour comprendre la transition vers l’économie numérique. Ils ont notamment mis en avant le fait que la puissance n’est plus au sein des entreprises ou des organisations qui produisent, mais vient de la multitude des usagers. Ce qui donne naissance à l’économie de partage ou collaborative, fondée sur cette multitude.

Un changement de paradigme qui ne va pas sans de profonds bouleversements, comme l’explique Nicolas Colin dans Hedge qui s’adresse, insiste-t-il, aux entrepreneurs de l’ère du numérique. Il y plaide pour un nouveau contrat social.

 

Pourquoi un nouveau contrat social ?

Pour renouer avec la stabilité et la création de valeur, explique Nicolas Colin. Le contrat social mis en place à la Libération en Europe a fourni aux gens qui travaillent “cette sécurité et cette stabilité qui ont permis de stabiliser la plupart des grands pays occidentaux et d’éviter de retomber dans les errements du fascisme. Elles ont permis aussi de rentrer dans un cercle vertueux de création de valeur, d’augmentation de la demande des ménages, de la création de nouvelles entreprises et d’accélération de la productivité. Et cette période extraordinaire, on s’en souvient comme d’un âge d’or, “les Trente Glorieuses”. On était à la fois dans une politique de rattrapage et on a aussi mis en place ce contrat social pour ménager cette sécurité économique et financière.”

 

Un contrat social qui ne fonctionne plus

Aujourd’hui, souligne Nicolas Colin, le modèle économique est en pleine mutation : on ne produit plus, on ne travaille plus de la même manière. Les relations entre entreprises et individus – clients comme employés- ont changé.

Et surtout les besoins de ces derniers ne sont plus les mêmes. Tout est à réinventer, tester, expérimenter. “Tout ce qui a été mis en place dans le passé pour défendre les gens ne fonctionne plus. Il y avait une vieille boîte dans laquelle tout rentrait. Aujourd’hui, il y a une nouvelle boîte dans laquelle plus rien ne rentre. Des gens disent qu’il faut jeter la nouvelle boite et revenir à l’ancienne. Mais en fait non ! Cette nouvelle boîte est là pour durer. C’est l’économie numérique et il faut créer des institutions qui vont recréer cette sécurité.” Une nécessité, dit-il, pour voir s’éloigner le spectre du fascisme et du chaos.

L’objectif de Hedge n’est pas de donner la recette du nouveau contrat social à mettre en place. Au contraire, il s’agit d’un processus complexe, fait d’essais, d’erreurs et d’ajustements mais surtout qui vient répondre aux nouveaux besoins des individus.

 

Un contrat social adapté à l’économie numérique

Nicolas Colin identifie trois piliers majeurs.

 

Protéger les personnes exposées aux risques critiques

Par exemple, que faire quand on atteint l’âge de la retraite ? A-t-on droit à une pension ?  Si on est malade, comment accéder à des soins abordables pour se soigner et se remettre au travail ? Comment couvrir les surcroîts de dépenses quand on a des enfants et besoin de prestations sociales ? Il faut apprendre à mieux couvrir les personnes face à ces risques et prendre en compte les nouveaux risques liés à l’économie numérique. Comment ces nouvelles communautés créées par l’économie de partage se protègent-elles ?

 

L’accès au capital pour couvrir une phase de transition

Jusqu’à présent ce sont les banques qui assurent l’accès au capital. Et encore, seulement dans le cadre de l’achat d’un logement ou d’une voiture. Une pratique bien ancrée mais qui semble un peu dépassée. Non seulement acheter un appartement coûte cher pour un ménage, mais cela ne répond plus vraiment aux besoins actuels. Le succès de l’économie de partage en est la preuve.

Dans l’économie numérique, on a besoin de mobilité, de flexibilité. Posséder une maison, des meubles, une voiture devient parfois un fardeau. Sans oublier que se développent d’autres façons de vivre comme la co-location, l’habitat partagé, le co-living… L’accès au capital devrait maintenant permettre de financer la transition professionnelle, qui va être de plus en plus fréquente. Lorsqu’on quitte son emploi, on peut vivre une période de transition pour changer de métier, se former, voire déménager. Tout cela a un coût, que le système bancaire traditionnel ne veut pas couvrir. Il faudrait adapter le système financier pour répondre à ces besoins.

 

Permettre aux personnes de s’organiser pour défendre leurs intérêts

C’était une fonction remplie historiquement par les syndicats. Mais ces derniers ne sont plus pertinents aujourd’hui. Il faut réfléchir, expérimenter. Il faut permettre aux individus de s’organiser entre eux pour se défendre dans le cadre de l’économie numérique.

Mettre en place des réponses innovantes aux problèmes émergents est une nécessité selon Nicolas Colin. On pourra alors “répondre aux défis de la société numérique. Comme on a pu répondre aux défis des 30 Glorieuses et assurer la stabilité et la croissance.”

Si vous souhaitez poursuivre la lecture :

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Crédit photo : Nicolas Colin